Sortir son premier album chez Heavy Psych Sounds n’est peut-être pas un exploit mais ça fait partie de ces petites choses de la vie qui te font un peu te gorger d’orgueil. En tout cas il n’est pas impossible que cela ait été le cas pour les petits nouveaux de Ryte. Alors chassons tout de suite la confusion possible, il ne s’agit pas de Ryte le trio du nord de la France mais de Ryte le quartet Viennois qui t’envoie valser d’une mornifle et s’affaire depuis quelques années autour de son album éponyme enfin finalisé.
Ce premier album se présente sous la forme de quatre titres épais où d’aucun trouvera son compte sans l’ombre d’un doute. Le fait est que l’on passe par toutes les strates du genre rien qu’avec le titre d’intro, “Raging Mammoth” qui laisse glisser des pralines stoner et doom ainsi qu’un assaisonnement space rock sur la même piste.
“Shaking pyramid” assume son titre, avec dès la quatrième minute une basse et une batterie qui swinguent, montent en puissance derrière une cascade de notes cristallines des grattes dans l’esprit d’un Santana. Cela ne dure qu’une minute, mais croyez-moi cela fait tout le sel du titre, même si la dérive vers des relent de Sleep n’est pas pour déplaire une poignée de minutes plus loin. Le fait est notable car il libère au passage les voix dont l’absence jusqu’à ce stade aurait fait croire à un album totalement instrumental. Pour autant la chose reste anecdotique et fini par s’éteindre pour laisser le groupe reprendre en vigueur et de la fin de ce même titre nous amener vers une suite plus vive et entraînante
Même si Ryte flirte avec le prog sur “Monolith” ce sont toujours les mêmes pérégrinations entre stoner et doom qui ressortent. Le titre une fois de plus confirme la densité des morceaux et l’envie de partir dans tous les sens. Le pari est risqué et explique sans doute la durée des pistes; deux de huit, une de Douze et une de dix. Le groupe utilise pleinement le format long pour les truffer ses compositions d’idées et de genres. La cuisine est toujours inventive et on se laisse tantôt bercer tantôt emporter avec force. Il faut dire que Arik le guitariste chanteur et Shardik le batteur ont déjà de la bouteille et bossent ensemble depuis belle lurette, pas étonnant que la maturité de l’album puisse être garantie sur facture.
Alors que ‘l’album tire à sa fin et qu'”Invaders” se pare des atours des classiques du doom, il faudra être attentif et entendre la modernité qui est assez présente et permet de ne pas sortir frustré de la galette. Le retour du chant cependant m’a fait prendre conscience qu’une couche supplémentaire n’aurait pas été de trop. La voix de Arik est suffisamment intrigante pour qu’on puisse regretter qu’elle ne soit pas plus exploitée, voire pas exploitée du tout.
Heavy Psych Sound se trompe rarement, les Italiens peuvent s’enorgueillir de capter bon nombre de talents au sein desquels Ryte. Un format juste court comme il faut pour porter une boite pleine d’idées sans frôler l’indigestion, Ryte est de ces albums qui s’inscrivent dans le cercle des productions qualitatives et suffisamment denses que pour apporter un plein de fraîcheur nécessaire dans un monde où l’on tourne souvent autour des mêmes choses. Ici l’arbre est joli et on ne va pas aller chercher la forêt qu’il cache.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)