Alors que l’on trouve bien quelques combos canadiens de grande qualité dans nos pages virtuelles, les groupes québécois en particulier, eux, y sont rares. Heureusement, on a dégoté les p’tits jeunes de Sandveiss pour faire changer les a priori sur le pays des caribous (et hop, cliché n°1, check, ça c’est fait). Le quatuor s’est formé il y a moins de trois ans – on s’attend donc un peu à un groupe en phase d’apprentissage, à une poignée de chansons un peu dépouillées qui permettent de semer des graines prometteuses, au mieux. Genre “c’est bien, faut encourager les jeunes”. Sauf que non : c’est un “vrai” album que nous sert ici Sandveiss, avec un vrai gros son, pas moins de huit vraies compos matures, et une qualité d’exécution sans faille.
Clairement, il s’agit ici d’un disque autoproduit qui par sa qualité pourrait sans problème se défendre face à des disques qui sortent sur des labels pros. Musicalement, les bonhommes évoluent dans un gros hard rock graisseux, une sorte de mélange de gros stoner “à l’américaine” (typique de leurs compatriotes Monster Truck par exemple) et des groupes de stoner patibulaires particulièrement emblématiques des pays scandinaves d’il y a quelques années (Honcho, The Awesome Machine, les premiers Sparzanza…). Le tout est enrobé d’une prod classieuse, puissante et claire, de toute grande classe.
Les compos ne sont pas moins robustes, apportant la preuve par neuf de la compétence du combo québécois dans ce domaine. On mettra particulièrement en avant “Scar” et son gros refrain fédérateur à scander en chœur (ainsi que son break percus / solo du meilleur effet) ou encore le pachydermique “Bottomless Lies” qui se permet le luxe insolent d’accueillir un solo aérien, presque suraigu parfois, sans que ça ne perturbe la structure du morceau par ailleurs lent et sombre. On pourra avoir quelques réserves sur l’aspect parfois un peu systématique de la structuration des chansons (le passage break/solo aux deux tiers du morceau…), mais ça ne perturbe pas vraiment, et l’âge les incitera probablement à tenter des choses différentes avec le temps.
Quant à la maîtrise instrumentale des zicos, elle n’est pas à remettre en cause, ça joue dru, c’est vif et acéré, c’est carré et pointu à la fois… Le chant de Luc Bourgeois est lui aussi inattaquable, puissant et efficace dans tous contextes. Une fort belle exécution vraiment.
Même si le groupe n’évolue pas dans un stoner pur jus tel qu’il peut s’entendre dans les plaines du haut désert californien (difficile d’attendre la même ambiance musicale de la part de bonhommes qui vivent la moitié du temps dans des températures négatives…), cet album est susceptible de plaire à bon nombre de stoner heads, pour peu qu’ils apprécient les gros riffs “à l’américaine” (rien de péjoratif), le gros son, et globalement le stoner un peu plus “policé” et propre sur lui.
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