L’évolution musicale entre le précédent album de Sasquatch et celui-ci est à l’image de l’effort fourni pour lui trouver un titre (pour rappel, le précédent s’appelait « II »). Mais dès les premières écoutes, une chose est claire : on s’en contrefout de l’évolution. Sasquatch, avec cette nouvelle galette, défouraille comme jamais.
Evoluant toujours dans un très épais stoner bien heavy, le trio ricain écrase tout sur son passage. Amateurs de riffs souffreteux et de vocaux éthérés de rock indé à deux balles, partez en courant, ici pas de place pour les tafioles. Dès « Get out of here » tout est limpide : gros riff gras du bide, basse ronflante, et refrain définitif que l’on entonne à gorge déployée dès la deuxième écoute de l’album. Imparable, le ton est donné. Sans débander, le tout aussi impeccable « Took me away » (doté de superbes soli de Ed Mundell, en visite entre deux tournées de Monster Magnet), sur un tempo moins enlevé, se révèle tout aussi accrocheur. On tient le fil rouge de l’album : qualité des compos, superbement ficelées et efficaces. Cela ne signifie pas qu’il puisse exister une once d’ennui, car le groupe ne se répète pas pour autant : tempi changeants, lignes de guitare travaillées (lead et rythmique), rythmiques tour à tour super heavy (« Get out of here »), proche du doom (« Queen »), limites blues (« Soul shaker »), sautillantes (« Walkin’ Shoes »), groovy (« No more time »), et même limite indus (??) parfois (le couplet de « New disguise », promis !).
Sasquatch porte une certaine idée du stoner qui nous fait plaisir et que nous encourageons : cette idée que les chansons peuvent être parfaitement structurées, les riffs solides taillés à la serpe, les musiciens doués, et tout ça sans forcément donner une impression de musicos sous acides qui font tourner le même riff pendant 10 minutes en collant 3 coups de cymbales chaque minute. Sasquatch joue fort mais net, sans bavure. Les amplis crachent, les soli fusent, le chant crie, mais juste comme il faut. En tout cas c’est la formule pour vouloir le réécouter encore une fois dès qu’on arrive à la fin de la galette. Et ça le fait à chaque fois…
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