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Saturnia – Muzak

Après avoir proposé à tous les amateurs de heavy teinté de psychédélisme une série d’albums hautement recommandables, Elektrohasch s’offre une petite digression et Stefan Koglek en profite pour se faire plaisir en sortant ce quatrième album de Saturnia qui, autant l’annoncer d’entrée de jeu, ne contient aucun élément susceptible de rassasier l’amateur de gros son qui sommeille en vous. Vous ne trouverez ici aucune basse vrombissante, aucun martèlement de fûts et même pas la moindre trace d’une guitare saturée.

Conçu à la base comme un projet incluant diverses disciplines artistiques (littérature, design, peinture, photographie, …), Saturnia est devenu au fil des années le groupe d’un seul homme, Luis Simões, multi-instrumentiste portugais tout autant influencé par la scène progressive psychédélique des 70’s que par la culture Rave des 90’s qui vit l’éclosion de la Drum&Bass et de la Jungle. Même si cet album n’a pas vraiment sa place sur ces pages, ne fuyez pas à l’évocation de ces courants musicaux, Saturnia ne fait pas non plus de la musique diffusable dans les boîtes d’Ibiza. L’écoute de ces dix titres évoque plutôt ce qu’aurait fait le Floyd s’il s’était formé au début de ce siècle après un voyage en Inde avec Massive Attack en boucle dans le walkman (je ne pense pas que les ipods étaient très répandus à l’époque).

Muzak (aah ce titre, il fallait oser …) est le résultat d’un travail de deux ans et demi passés à superposer et enchevêtrer des couches de guitares en tous genres, des claviers vintage et des effets variés en s’appuyant sur des rythmiques empruntées au Trip Hop, le tout réhaussé par l’utilisation quasiment obligatoire mais néanmoins judicieuse d’instruments exotiques. Par dessus ce mélange très riche duquel aucun instrument ne ressort particulièrement, Luis Simões déclame plus souvent qu’il ne chante des textes imagés mais dont la signification demeure impénétrable. La recette fonctionne à merveille sur la première moitié de l’album qui voit s’enchaîner une série de titres à l’identité très forte structurés autour d’une rythmique tribale et forcément répétitive qui mêle séquenceurs et percussions orientales. La plus belle réussite de l’album reste à mon sens Mindrama qui parvient à faire le pont entre les styles musicaux précités et laisse présager du meilleur pour la suite. La suite, c’est Nik Turner (le leader de Hawkwind) qui fait une apparition quasiment anecdotique à la flûte sur Organza, titre qui précède Kite, le résultat d’une collaboration improbable entre Gainsbourg pour le dépouillement de la mélodie et Thom Yorke pour le traitement sonore. Ce titre, qui se démarque par sa légèreté, n’est qu’une parenthèse avant que Infinite Chord ne nous replonge dans un état méditatif, aidé en cela par les « Om » qui parsèment le morceau afin de nous permettre d’ouvrir nos shakras. Et si jusque là notre homme parvenait à habilement équilibrer les ambiances éthérées, les mélodies facilement mémorisables et les rythmiques accrocheuses, la fin de l’album montre quelques signes d’essoufflement, les morceaux s’enchaînant sans jamais parvenir à retenir l’attention. Ce qui n’est pas très grave étant donné qu’à ce moment-là, vous devriez théoriquement déjà être en lévitation, l’esprit totalement libéré des contingences du monde physique, insensibles aux phénomènes qui vous entourent et qui ne sont d’ailleurs qu’illusions.

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