Contre toute attente, cet album contient du Boogie, du vrai. Le genre de truc à faire taper du pied un quinquas bedonnant, le pouce coincé dans la ceinture pendant qu’il sirote une bière tiède autour d’un barbecue, entouré de ses potes qui vous le confirmeront, yeaaah, çà c’est de la musique, gamin ! Pour autant, ces mélomanes éclairés feraient mieux de ne pas se laisser abuser par un titre trompeur au risque de se voir conforter dans leur sentiment que, oui, la jeunesse est définitivement pourrie. Et sourde en plus !
Car vous vous en doutiez un peu, mis à part ce petit intermède pas dénué d’humour et judicieusement placé en milieu d’album, Set The Tone ne fait pas, mais alors pas du tout, de Boogie. Du Metal, oui, ainsi que du Doom, du Stoner, du Sludge et une grosse louche de Rock’n’Roll à la Entombed par-dessus le tout. Mais définitivement pas de Boogie, ou alors seulement pour rigoler.
Le résultat de ce mélange cohérent et patiemment amener à maturité, ce sont neufs titres qui blastent à tout va, servis par une production énooorme livrée par Gérald Jans, neuf titres que le groupe a eu l’occasion de rôder sur toutes les scènes de Belgique et qui exploitent parfaitement le potentiel de frappe de ses cinq membres aux influences qu’on devine très diverses. Ce potentiel, on l’avait déjà discerné sur le split avec Es La Guerrilla sorti en 2005 et sur lequel Set The Tone mettait une grande claque à l’auditeur, ce qu’il continue à faire sur ce Full Tilt Boogie, mais avec plus de nuances et en s’affranchissant de la référence à Down, Pantera et autres joyeusetés issues de Louisiane.
Toujours aussi enclin à pondre des titres complexes ou s’enchainent des parties hyper heavy sur lesquelles des passages lourd de lourd viennent faire contrepoint, le groupe semblent néanmoins s’être astreint à plus de discipline en développant chaque idée plus en profondeur et en évitant de se disperser, ce qui aboutit à des morceaux en moyenne plus longs mais plus facilement mémorisables, même si tout cela reste très dense et que les premières écoutes donnent l’impression d’avoir affaire à un magma dont on a du mal à s’extirper, avant que cet amoncellement de riffs bien torchés ne commencent à produire leur effet, avec une petite préférence personnelle pour les plans rock’n’roll surboostés qui parsèment la plaque et font valser les meubles.
Reste la question des vocaux qui en feront frémir plus d’un. Imaginez Anselmo très en colère (genre qui vient d’apprendre qu’il n’y a plus de bières dans le frigo) et vous commencerez à peine à vous faire une idée du coffre de Denis dont la prestation toute en puissance contribue largement à définir l’identité du groupe. Et lorsqu’il s’agit d’adoucir le propos (enfin, c’est relatif), il préfère passer le mic’ et même la plume à Mario de Hangin’Out ou à Olivier de Gog of Magog pour deux de plus belles réussites d’un album qu’on adorera ou qu’on détestera mais qui ne laissera personne insensible.
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