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Sheavy – Moons in Penumbra

Quel plaisir, dans notre quotidien en ébullition constante, et en particulier dans un contexte de music business chancelant, de retrouver régulièrement une galette des toujours robustes sHEAVY. Une galette… sortie il y a plusieurs mois, dans le secret le plus absolu ! Quelle misère quand même que ce combo absolument distant de tout moyen de communication, aux moyens de promotion faméliques, dont les disques sont distribués par une poignée de corbeaux un peu fatigués (rendez vous compte : pour proposer ses disques à la vente, le groupe oriente ses fans vers… un petit magasin de disques du coin, perdu au fin fond du Canada !). Une chose est sûre, en gérant ses productions de cette manière, on n’est pas prêts de retrouver le groupe qui a engendré certains des disques les plus intéressants du stoner retrouver la place qu’il occupait voilà une quinzaine d’années…

Et pourtant, son (avant-) dernier disque (le dernier sera chroniqué sous peu, sorti quelques semaines après celui-ci) ne dépareille pas dans sa discographie, et ravira sans problème les amateurs du quartette (ou quintette selon les combinaisons) canadien. Autour de l’inamovible Steve Hennessey, le line-up propose toujours des changements, on est habitué. Nouvelle section rythmique cette fois. Mais comme à chaque fois, il ne s’agit pas d’une armée de mercenaires, mais comme toujours des musiciens proches du combo, tant et si bien qu’ils ont tous contribué à l’écriture du disque (sur le papier, en tout cas…). Pour être plus précis, une palanquée et demie de contributeurs divers ont apporté leur pierre à ce robuste édifice : engagé dans la démarche “RPM” (le groupe avait déjà enregistré “The Golden Age Of Daredevils” dans le contexte de cette initiative, qui propose aux groupes locaux de produire, sur le mois de février chaque année, un album de dix chansons et 35 minutes), le combo a finalement un peu dérivé mais a tenu la barque pour finir par proposer ce “Moons in Penumbra”, à l’artwork “fait maison” redoutablement kitsch, hors RPM.

Musicalement, on va avouer que les premières écoutes furent un peu déstabilisantes (le contexte, l’attente, les paramètres subjectifs, toussa toussa). Mais au bout d’une poignée de rotations, le disque a commencé à se révéler. Jamais réticent à injecter des influences progressives à sa musique, le groupe propose des titres un peu plus complexes peut-être, proposant en particulier une poignée de mid-tempo très bien ciselés, tortueux (à l’image de “Penumbra” qui ouvre le disque, accueillant des soli lancinants, des breaks lourds, le tout porté par un riff monolithique), avec parfois des passages presque doom saisissants (voir “Warning” ou “Visions”). Mais sHEAVY a toujours été généreux en titres propices au headbanging, et des titres comme “Shadows” ou “Totality” portés par des attaques de grattes bien charpentées sont là pour en attester. Pour le reste, on retrouvera dans ce disque tout ce que l’on aime chez le groupe : son chant toujours si particulier, ses duo de gratte en harmonie et ses soli, un travail mélodique efficace et ses quantités de riffs inspirés. Niveau son et production, on ne baigne pas dans l’austérité la plus totale, mais l’aspect rudimentaire du dispositif d’enregistrement (Hennessey lui-même derrière quasiment toutes les manettes, un studio d’enregistrement improvisé dans le salon d’un couple de potes…) ne donne évidemment pas la prod la plus tape à l’œil… Pour autant, aucune défaillance à noter, et ce son de guitare similaire que l’on retrouve de plage en plage permet de focaliser sur la vraie teneur des compos, sans artifice superflu.

Toujours (malheureusement ?) sans prétention, sHEAVY ajoute une nouvelle pierre à l’édifice solide qu’ils ont entamé il y a plus de vingt ans, un disque généreux, efficace, solide, pas prise de tête… Si vous arrivez à mettre la main dessus, vous ne devriez pas le regretter.

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