Voici un album qui a bien failli ne jamais voir le jour. Resté plus d’un an sur les étagères de ces cons de Columbia qui ne souhaitaient plus sortir cet album, les mecs de SLEEP ont été réduits au silence et à la mort en tant que groupe, avant de trouver un deal avec la maison Rise Above. On sait le retentissement qu’a eu leur précédent album Sleep’s Holy Mountain « Earache, CD, 1992 » sur des générations d’individus fans des early 70’s. Il leur a tout simplement permis de se décomplexer par rapport à un genre musical, revendiquant ouvertement la paternité de BLACK SABBATH et consorts à une époque ou indus/metal/fusion régnaient en maître dans le monde de l’underground. Et d’ouvrir la porte à tous les groupes qui sont chroniqués dans ces colonnes, que l’on regroupe, par facilité sémantique, sous le vocable de stoner rock. L’impact de Jerusalem, en tant qu’œuvre posthume est un pied de nez magistral à toute l’industrie du disque en même temps qu’un bouleversement total des modes de pensée et des pratiques. Car il s’agit d’une œuvre que l’on pourrait résumer par l’expression : « ceux qui l’ont fait ! » Comment en effet ne pas considérer comme tel un disque de 52 minutes et 08 secondes comprenant un seul morceau décomposé en cinq mouvements (une symphonie ?)? Tous ceux qui comme Brotherfab sont avides de riffs monolithiques ont toujours rêvé d’un riff répété à l’infini. A l’image des surfers qui courent après l’été sans fin (endless summer), à la recherche de la vague perpétuelle en parcourant le monde et ses plages, les fans de stoner rock parcourent les disques qui pourront leur offrir LE riff qui tourne, qui tourne et qui tourne encore. Celui-là même qui leur procurera le plus longtemps possible ce mouvement de balancier des corps si caractéristique du public des vrais concerts de stoner rock. Celui-là même qui les conduira à une sorte d’extase hypnotique dans leur salon. C’est donc ce qu’ont réalisé Chris Hakius, Matt Pike et Al Cisneros. Un monument. Un thème (et quel thème) et un ensemble de variations sur ce même thème. De quoi se pâmer. Ces mecs forcent le respect par leur attitude jusqu’au-boutiste. Ils sont au 90’s ce que les BLACK SABBATH étaient aux 70’s. Totalement indispensables. Eternels.
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