Un groupe du nom de Smoke ça peut jouer que dans une seule catégorie, celle du stoner (faites un effort, le rapprochement est pas bien difficile). De plus le groupe étant signé chez Argonauta rien d’étonnant à cette hypothèse. Pourtant ces trois gars ne viennent pas du delta du Mississipi mais plutôt du Deltawerken en Hollande (CQFD). The Mighty Delta of Time est le nom de leur premier LP qui sort ces jours-ci et bien que peu porté sur la verdure, on s’est dit qu’il fallait choper la douille / le disque au vol.
Stoner certes mais plutôt dans sa branche southern avec des grattes en picking et aux sonorités quasi lap Steel. Bref, ça joue au bottle neck et ça envoie entre deux passes aériennes : “Ride” semble poser le décor de ce que sera cet album.
Ça envoie oui, les chœurs jouent le viril mais toujours mélodieux et je lorgne ici du côté de la piste “Bereft” qui au lieu de faire la poussive est un beau véhicule pour l’auditeur. Ce titre enchaîne avec un autre tout aussi contemplatif, “Riverbed”, et à ce point on se dit qu’il n’en aurait pas fallu plus de peur de l’indigestion. Pourtant c’est bien dans cette veine que continue The Mighty Delta of Time qui, tout de stoner vêtu, est surtout planant.
Les gars tiennent sur la durée non pas par une quelconque extraordinaire beauté des compos (qui néanmoins ne sont jamais dénuées de beaucoup de charme) ; on ira chercher plutôt dans l’atypique de litanies quasi mystiques ou des lourdes cartouches tirées par la basse et la batterie sur “Time” et “Umoya” (les deux morceaux de plus de 10 minutes de l’album)
En résumé, un album qui démarre fort puis, une fois à 20.000 pieds, qui prend un rythme de planeur pour une écoute linéaire avec de beaux moments. Voilà un groupe qui porte bien son nom et rappelle les sensations du hit avant la montée planante des encens prohibés. Ceci fait de The Mighty Delta of Time un album sensible. Sensible mais pas fragile ! OK ?!
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