Me voilà foutrement embarrassé (pour être poli). Embarrassé parce qu’après une douzaine d’écoutes de ce disque je continue à porter des sentiments ambivalents à son encontre. Enfin, « pluri-valents » serait plus juste tant ma cervelle est chahutée par chaque titre différemment. Précisons avant d’aller plus loin que Solrize est un groupe autrichien que jusqu’ici je n’avais pas eu l’opportunité d’écouter. Il s’agit de l’une des rares sorties du bon label Go Down qui ne soit pas produite par un groupe italien. Autre fait marquant, l’album a été enregistré et produit dans le mythique Sanctuary de Scott Reeder, dans les plaines sablonneuses du haut-désert californien.
Sauf que voilà, Scott Reeder est un bon producteur, mais – attention, casseur de mythes – pas un magicien non plus ! Je ne dis pas que l’album est mauvais pour autant… Preuve en est le percutant « Endurance » en intro, un titre de pur metal ronronnant baigné de lointaines effluves stoner, ce que l’on avait l’habitude d’entendre de la part des meilleurs combos de « stoner metal » scandinaves au début des années 2000. « Blue sky » ensuite est probablement le titre le plus catchy de l’album, avec sa petite rythmique sautillante servie par un lick de guitare que ne renierait pas la petite équipe de Josh Homme. En deux titres on mesure aussi les différentes nuances vocales que peut aborder Elvis Nine au chant… sauf que le chanteur n’est pas forcément le plus gros atout du groupe : sa technique n’est pas non plus spectaculaire, et même si on ne le prend jamais en défaut, on n’est jamais non plus subjugué par ses prestations. Le titre suivant « Speak of the devil », si on fait abstraction du chant, fait lui aussi pas mal penser à QOTSA, 1ère génération cette fois (voir ces couplets portés par une batterie saccadée et des « hurlements » de lead guitar lointains typiques), tout comme le presque instrumental « Ode to the noise » et son refrain plein de boogie typique, ou encore « I am the warrior » et son son de gratte… sauf que par ailleurs la rythmique de ce titre nous rappelle plutôt un morceau de pur heavy metal germanique des années 90 ( ??? OK, j’exagère un peu) doté d’un gros refrain stoner. Bref, un sacré foutoir.
En milieu d’album, « Eternal lie » sème furieusement le trouble, en singeant en tous points une chanson de Danzig. Le son de gratte, la construction du morceau, le riff du couplet typique, jusqu’au chant faussement nasillard emblématique du lutin ricain… Déstabilisant… Les titres suivants alternent entre grosses torgnoles metal (ex : « Enemy »), et titres de stoner plus accrocheurs.
Doté de ce que l’on peut sans peine proclamer « pire pochette de l’année », Solrize est un combo qui ne laisse pas indifférent : il fait preuve de tant de qualités et de talent que l’on ne peut décemment pas les détester… pour autant, même si on en a une furieuse envie, on n’arrive pas à tomber amoureux… En resserrant un peu les lignes, en se concentrant sur les compos dans un soucis de rationaliser un peu tout ça, gageons que le potentiel de ce groupe est très fort et attend d’être complètement révélé. Dans l’absolu, « Mano Cornuta » reste toutefois un très bon album tel quel.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)