Somnus Throne est un trio américain dont la géolocalisation semble aussi hasardeuse que sa communication : en provenance de Nouvelle Orléans, puis installé au Texas, c’est à Los Angeles que le groupe semble partager le plus de repères aujourd’hui. Toujours est-il que l’on s’est retrouvé avec leur premier disque en provenance de Burning World Records (une petite mais belle maison, généralement bien tenue), et qu’on ne savait pas trop à quoi s’attendre.
En fins analystes que nous sommes, une rapide observation du track listing nous donne une première indication : quatre chansons, entre 10 et 15 minutes chacune, pour une plaque de plus de 45 min en tout… Ça sent pas vraiment la compilation de glaviots punk rocks. Notre doom-radar aux aguets, on se lance dans une succession d’écoutes répétées qui confirment rapidement notre présomption : Somnus Throne fait du doom, du doom « authentique » serait-on tenté de préciser (canal Sleep / Electric Wizard, en gros, plutôt que les groupes de doom old school classiques plus anciens, à la Pentagram / Cathedral). Inconvénient de ce genre bien précis : les codes sont établis et installés depuis bien longtemps, et il faut se lever tôt pour trouver des groupes qui proposent quelque chose de novateur dans cette inspiration musicale. Levons le suspense immédiatement : ce n’est pas le cas de Somnus Throne non plus. Le groupe propose au contraire quatre roboratives plages de gros doom très solidement charpenté : l’ossature s’appuie sur une poignée de riffs impeccables, rustiques et bruts bien comme il faut. En bons artisans, le trio connaît la qualité de son matériau brut, et sait le faire tourner juste comme il faut pour bien appuyer son propos – évidemment au rythme effréné d’un pachyderme neurasthénique. En ce sens, et la chronique pourrait s’arrêter là-dessus, ce disque conviendra sans hésitation à tous les doomsters puristes les plus exigeants.
Somnus Throne trace son chemin dans le sillage d’autres formations comme Conan, Electric Wizard (sur « Receptor Antagonist ») ou Monolord (sur « Sadomancer »), s’engouffrant même dans l’aspiration de Sleep plus souvent qu’à son tour… A l’écoute de « Shadow Heathen » (le riff d’intro et le chant…) ou de « Receptor Antagonist » et « Aethernaut – Permadose » (ce chant déclamé/psalmodié à la Cisneros sur lit de riff à 3 notes typique…), on peut se demander si la filiation n’est pas même un peu trop forte et que l’inspiration ne se rapproche pas parfois un peu trop de l’original… Posons-nous la question dans l’autre sens : est-il possible de trop écouter Sleep et s’en inspirer ? Non, bien évidemment non. Donc ça passe.
C’est dans « l’enrobage » de l’ensemble que le groupe peut apporter un peu de valeur ajoutée : arrangements, breaks, instrumentation… En l’occurrence, le groupe ne verse pas dans la folie pure et reste assez classique : ce n’est pas avec quelques samples d’extraits de films, des ralentissements un peu systématiques sur la fin de leurs morceaux, et quelques breaks basse-batterie qu’il nous estomaque. On notera en revanche quelques très intéressants passages à mettre à leur actif, comme ce beau refrain presque atmosphérique sur « Shadow Heathen », ou encore ce break heavy metal surréaliste de quelques secondes au milieu de « Receptor Antagonist »… Et plus généralement, des vocaux assez variés, qui apportent un peu de relief inespéré à l’ensemble.
En bref, Somnus Throne propose un bon album de doom comme on n’a pas forcément souvent l’opportunité d’en entendre de nouveaux. Belle exécution, bonne inspiration. Cette maîtrise des codes, jumelée avec un vrai talent d’écriture (notons une poignée de riffs vraiment excellents), font de ce Somnus Throne, le disque, une excellente addition à la discographie de tout amateur de doom.
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