Depuis ses premiers pas en 2010, Steak occupe les avant-postes de la scène stoner européenne, un statut finalement un peu en décalage pour un groupe qui tourne peu, et surtout… qui n’a toujours pas sorti d’album réellement remarquable. Pan ! on met les pieds dans le plat : chacun de leurs disques s’est toujours avéré plaisant, mais qu’en reste-t-il ? Pour un “Liquid Gold”, combien de compos moyennes ? Lequel de leurs albums sortez-vous régulièrement de vos poussiéreuses étagères à vinyl pour le réécouter encore et encore avec envie ? Et pourtant, le groupe est sympathique, ses musiciens sont pros et carrés, ses concerts efficaces,il dispose d’un vrai chanteur (phénomène finalement assez rare, à bien y réfléchir)… Bref : Steak, c’est un peu le groupe de l’on adorerait adorer. Est-ce que ce Acute Mania sera enfin l’album qualitatif qui leur permettra de corriger cette étrange dichotomie ?
Il ne faut en tout cas pas longtemps pour retrouver une certaine familiarité dans ce disque, qui s’inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs, stylistiquement en tout cas : un stoner rock solide, sableux mais jamais trop bitumeux, carré, largement porté sur le mid tempo. Le tout fait une nouvelle fois l’objet d’une production soignée, à la hauteur des ambitions toujours affichées par le quatuor londonien.
Côté compos, il y a du bon et du moins bon. Dans la première catégorie, on mettra volontiers “Wolves” (grosse basse et un lick de guitare catchy à souhait, qui vient s’appuyer sur l’un des seuls riffs un peu marquants du disque), le lancinant (mais peut-être un peu trop Kyussien) “System”. On pense aussi à la première moitié de “Ancestors”, elle aussi accrocheuse (mais qui rate sa sortie en jouant un peu trop la grandiloquence), ou inversement la très réussie deuxième moitié de “Papas Special Custard” (dont la longue intro est sérieusement pompée de Tool, jusque dans le son de basse et l’arrivée des guitares). Malheureusement, cette sélection est assortie de titres plus dispensables, qui peinent à engrammer malgré de nombreuses écoutes : “Dead Meat”, “Frequencies”, “Last Days” (bien trop long à commencer, dont on gardera la fin néanmoins), ou encore “Mono” (malgré la bonne idée d’offrir le micro à la chanteuse de Vodun sur l’outro). En synthèse en tous les cas, bien peu de riffs à se mettre sous la dent (Steak n’est clairement pas un groupe à riffs – ce qui n’est pas une critique en soi).
Acute Mania est donc un album satisfaisant, comportant quelques très bons passages, et à ce titre il y a matière à contenter bon nombre d’auditeurs cherchant un bon moment de musique, efficace, sans prétention. Mais il contient aussi des titres moyens, et surtout manque de véritable moment de grâce, d’une poignée de titres parfaits, et a fortiori du moindre riff marquant. Paradoxalement, ceci n’empêche pas Acute Mania d’être probablement l’un des meilleurs, voire le meilleur album du groupe… Étrange constat. Et pour les esprits chagrins et aigris de tous bords, on dira simplement : rendez-vous dans quelques mois, on en reparle ?
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