2015
Il y a à peu près un an, l’association de Bob Balch (Fu Manchu), Scott Reeder (Fu Manchu) et Scott Reeder (Kyuss) avait engendré « Mannequin » qui poussait le Stoner vers de nouvelles expérimentations avec une utilisation maximale du vocoder. Le concept avait divisé mais l’annonce d’une suite ne pouvait qu’aiguiser la curiosité d’un public qui suit ces musiciens depuis des dizaines d’années.
Comme pour le premier album, Bob voulait un chanteur au micro, le vocoder ne servant à la base que comme support de représentation des futures lignes de voix en studio. Ce coup-ci il a contacté Tony Cadena chanteur des Adolescents, groupe majeur de punk hardcore né au début des années 80. Les deux hommes s’étaient rencontrés sur scène lorsque Fu Manchu avait repris le titre « Things Start Moving » du second album des Adolescents. Alors Bob appel Tony ; Tony dit oui ; Bob n’a encore rien composé. A partir de là on comprend mieux d’où proviennent les influences majeurs de « The Great White Dope ». Un canevas punk pour des riffs Stoner en lieu et place d’expérimentations jazzy et vocodées, voilà le nouveau SSC.
Les trois quarts de l’album sont des morceaux de 1 à 2 minutes 30. L’un des objectifs de Bob était d’obtenir une longueur de skeud avoisinant celle de “No One Rides for Free” de Fu Manchu. Mission accomplie. Autant dire qu’on va à l’essentiel, qu’on tape dure là où c’est efficace et qu’on avance encore et encore. Avec une telle fuite en avant, impossible de s’ennuyer. C’est une dose de catharsis qu’on peut s’injecter en écoutant « Krokodil Dental Plan » ou encore une folie qui nous envahie dans « Migraine With A Chainsaw Reduction ». La structure de l’album est intelligemment pensée et « Cyberpunk Roulette », arrivant au premier quart, avec ses plus de 6 minutes, amène une diversité bienvenue ainsi qu’un final dans la veine du premier album, vocoder compris. « Fever Blister & The Great White Dope » ressort également avec son chant un peu plus posé, sa longueur et son solo au sens le plus strict, où tout le monde laisse la guitare se faire triturer. La production met en avant cette furie. Le batteur tabasse les cymbales. La basse de Reeder amplifiée par Bison crache un son saturé à des strates inconnues qui peuvent lui donner l’aspect d’une guitare rythmique. La guitare alterne l’ultra cradingue et la clarté lointaine psyché. La voix, elle, n’est que précipitation, urgence et violence si ce n’était les quelques incursions plus planantes du vocoder.
Pour notre plus grand plaisir SSC est un terrain de jeu pour ces musiciens impliqués dans d’autres projets, plus enchaînés aujourd’hui à des codes qu’ils ont eux-mêmes créés. Pas de répétitions pour ce deuxième effort, seulement l’imbrication des expérimentations de « Mannequin » et des apports de Tony. En somme, un objet neuf et furieux.
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