Boston s’avère décidément une ville de talent. Loin de se satisfaire des deux usines à génies que sont l’université d’Harvard et le Massachusetts Institute of Technology, ou encore de ses prestigieux clubs sportifs, tels que les Bruins, les Celtics, Red Sox et autres Patriots, tous détenteurs de trophées, il faut encore qu’elle produise de supers groupes de stoner. On pense tout de suite à Elder, et on aurait raison, mais d’autres énergumènes moins bien cotés mériteraient tout autant notre intérêt. C’est sans doute le cas de Sundrifter.
Après un premier album paru en janvier 2016 intitulé Not Coming Back, le trio revient (pourtant) depuis peu avec une deuxième galette éditée chez Small Stone. Et si l’artwork du premier opus représentait un coucher de soleil sur fond de paysage stérile ou post-apocalyptique, le second évoque des horizons nettement plus… lointains. Pourtant Visitations, de son petit nom, ne détonne pas vraiment de son petit frère.
Le vaisseau a peut-être voyagé des années-lumière, mais sa façon d’aborder l’environnement demeure. On y retrouve toujours ce son bien fuzzé et identifiable dès les premiers accords de « Sons of Belial », ou sur « Hammerburn ». La solide charpente rythmique est assurée par Paul Gaughran et Patrick Queenan, respectivement bassiste et batteur, qui à eux deux propulsent l’engin au travers du cosmos. Au milieu de ces deux boxeurs, la guitare peine presque à imposer son empreinte. Ça tombe bien, car la gratte n’est pas le seul atout de Craig Puera. En effet, une fois le climat installé par ses riffs envoûtants, il œuvre surtout niveau vocal.
La voix de Sundrifter donne selon moi toute son identité au groupe. Dépourvue d’aspérité, elle ne franchit jamais les frontières de la clarté pour oser s’aventurer en territoire saturé. Cela ne plaira guère à toutes les oreilles, surtout pour tous les amateurs de poussière et de crasse vocale qui sont pourtant l’apanage des musiques du désert. Toutefois, ce chant détient quelque chose d’étrangement captivant, d’hypnotique. Peut-être est-ce le contraste avec le reste de la musique, ou bien ce côté nonchalant, flottant, presque onirique sur « Targeted », qui retient notre attention. Toujours est-il qu’on ne peut l’ignorer. J’avoue être curieux de découvrir le groupe sur scène, afin de mesurer l’implication des ajouts d’effets dans cette mystérieuse magie vocale.
Quoi qu’il en soit, c’est dans une ambiance d’exploration spatiale et temporelle, mais aussi à la recherche de vie extraterrestre (les thèmes redondants du trio américain) qu’on se retrouve projeté au cours des neuf pistes constituant l’album. Un album qui, s’il n’invente rien ni ne transcende le genre, a au moins le mérite de lui rendre hommage, tout en apportant d’intéressants questionnements.
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