Si on vous parle de Varsovie, comme ça, en première approche, à chaud, vous ne penserez probablement pas à la capitale montante du gros son qui tâche. Probablement parce que Sunnata s’est fait encore trop discret, malgré quelques apparitions très remarquées sur des tournées ou festivals prestigieux ces dernières années. Afin de vous préparer à leur nouvel album en cours de production, qui s’annonce comme une grosse sortie de 2016, on voulait revenir sur leur précédente (auto)production, ce Climbing The Colossus de 2014.
Ça commence par un larsen gras un peu dégueulasse et ça se termine par le même larsen craspec. Entre les deux, ça dure trois gros quarts d’heure, et ce n’est jamais moins poisseux. Autant vous prévenir, amateurs de finesse et de soli aériens, vous allez être déçus. Sunnata c’est quatre mecs qui vont s’employer sur les sept giclées qui constituent ce disque à te faire bouffer des poignées de terre jusqu’à t’en étouffer, puis une fois au sol en train de vomir tes tripes, à t’enfoncer la gueule dans la boue en t’écrasant le crâne sous le talon de leurs godasses crasseuses. En gros. Mais subtilement.
En effet, pour ça, nos polonais ne se la jouent pas gros bourrins : ils emploient toujours à bon escient bon nombre de techniques qui ont fait leur preuve. Une sous-couche de doom bien glauque (« Seven », « Monolith », « Formalhaut »), des rasades de sludge crasseux (« Path »), des mélodies qu’on était plus coutumiers d’entendre chez des combos plutôt connotés grunge (« Asteroid », « Stalagmites ») ou stoner (« Stalagmites » encore, l’intro de « Seven », le superbe « Path »).
Cette synthèse stylistique rend la première approche de Sunnata éminemment sympathique. Une approche qui incite conséquemment à une certaine bienveillance, facteur nécessaire pour s’immerger convenablement dans la musique du combo. Car le songwriting du groupe, atypique, révèle sa substantifique efficacité qu’au fruit de cette étape, constitue a minima d’une bonne demi-douzaine d’écoutes : petit à petit le facteur d’accroche se fait jour, et les écoutes suivantes sont autant du miel cérébral que du gravier auditif. Les compos progressivement apparaissent comme des évidences, et le travail de production prend la relève pour garantir l’intérêt de l’auditeur pour les dizaines d’écoutes successives. Inutile de préciser que niveau instrumental, vocal, etc… ça tient là aussi franchement bien la route.
Gros potentiel pour ce groupe, dont l’énergie sur disque laisse imaginer des expériences mémorables en live. Et surtout, comme annoncé, un prochain album qui devrait laisser des traces. A suivre de près.
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