Je crois que ça fait bien 8-10 ans que je n’avais pas entendu de disque des Suplecs. Pourtant le groupe louisiannais m’avait laissé un excellent souvenir, notamment après les avoir vus plusieurs fois en live, en tournée avec Dixie Witch et Alabama Thunderpussy sur quelques dates en début de cette décennie. La mort de Man’s Ruin (leur label de l’époque), des sorties discrètes et des tournées sortant assez peu du territoire US n’ont pas aidé pour « garder le contact ».
br>Le choc musical n’en est que plus brutal ! J’avais le souvenir d’un groupe de gros hard stoner bien crade, aux rythmes lourds et aux rythmiques poisseuses, et je retrouve un groupe plus mûr, aux compos finement ciselées, au son presque propre, scandale ! Musicalement, le groupe a décuplé ses ambitions et ses prétentions, évoluant à cheval entre une quantité de genres musicaux dont ils tirent une synthèse réussie. On aborde ainsi le gros heavy qui tâche (avec refrains beuglés inside) sur « Stand Alone », le hardcore-metal old school (tendance Biohazard) sur « Fema Man », le punk rock sur « Once again », le heavy mélodique avec le super-catchy « World’s on fire ». Le tout est porté par une production propre, limpide, presque trop clean pour être honnête parfois. Heureusement, des passages plus poisseux viennent contrebalancer ce sentiment trop hâtif, à l’image du « presque » instrumental « 2×4 », qui suinte bon le bayou, ou encore le grassouillet « In your shadow », tour à tour sludgy et aérien (??). Dans le même esprit, le groupe conclut sa galette par l’incommensurablement glaireux « Switchblade » : lent, pataud, gras et sale, ce titre sur-heavy ravira n’importe quel amateur de la scène sludge estampillée NOLA.
Bref, vous l’aurez compris, difficile de vendre le dernier disque des Suplecs sur une promesse facile, autour d’un genre bien défini : devenu musicalement adulte, le groupe n’hésite pas à mélanger à son vieux sludge des débuts des influs variées et largement digérées. Les titres sont variés, superbement écrits, et l’on ne s’ennuie pas une minute. En revanche, le pur stoner-addict ne jugera pas l’investissement rentable s’il n’a pas un esprit ouvert. Pour ma part, je recommande chaudement.
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