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The Awesome Machine – God Damn Rare

 

Pour les vieux tromblons comme votre serviteur, il y a vingt ans le microcosme du stoner rock mondial avait un vrai barycentre en scandinavie, et en particulier en Suède : Dozer, Lowrider, Sparzanza, Spiritual Beggars… ou encore The Awesome Machine. Le quatuor de Göteborg a produit 2 ou 3 des plus excitantes galettes du tournant du millénaire à l’époque, dans un genre musical largement porté par la scène scandinave de l’époque, basé sur un stoner lourdement testostéroné, dans un mouvement très lié à l’époque aux premiers groupes de garage rock énergiques qui fleurissent alors (Hellacopters, Backyard Babies…).

Peu aidés par un label sympathique mais manquant d’envergure (les géniaux “I Used to Fuck People Like You in Prison Records”), TAM (pour les intimes) a quelque peu manqué le chemin de la notoriété qu’ils méritaient pourtant. Usés, ils se sont d’ailleurs séparés au début des années 2000 et ne se sont jamais reformés. Car non, ce God Damn Rare n’est pas l’album de la reformation. Le disque propose onze titres disparates, souvent inédits ou rares, retrouvés dans les vieux cartons poussiéreux du groupe, issus de vieilles sorties trop discrètes, etc… Une bonne part était supposée figurer dans le dernier album mort-né du groupe (jamais finalisé pour cause de tracas avec leur nouveau label à l’époque, qui a fait faillite, emmenant avec lui les premiers enregistrements effectués), et se retrouvent donc ici sous la forme des démos d’époque, enregistrées en 2005, avant leur split. Le petit label Ozium records, en véritable archiviste de la cause stoner (allez voir leur catalogue de re-sorties !) propose l’opportunité parfaite de donner une nouvelle visibilité à ces titres.

Comme prévisible (au vu du titre du disque) la galette commence par la version démo (très aboutie) d’un des plus efficaces brulots des suédois, « God Damn Evil », imparable. Derrière l’image un peu monolithique que l’on a parfois de la musique de TAM, se cache pourtant une part d’expérimentation non négligeable, que l’on se plaît à (re)découvrir ici, à l’image des très efficaces incartades metal old school de « By No One » ou le hard rock groovy de « Gasoline » et « Shakedown » (tous trois inédits ou semi-inédits). Les intégristes du stoner rock pur jus trouveront aussi de quoi se mettre sous la dent avec « Demon King », les vieux « Digging » ou « Sun Don’t Shine on Me », pas si éloignés de la production de Dozer à l’époque, avec une petite dose de Kyuss pour faire bon effet, encore plus prégnante sur un « Ompa Bompa » d’école. On finit l’écoute sur ce vilain arrière-goût mêlant regret et nostalgie, avec une énième démonstration de « ce qui ne fut jamais », « I Never Knew », encore un autre morceau plein de potentiel composé mais jamais porté sur disque, un inédit lui aussi prometteur, capté en live.

Des sentiments mêlés émergent de l’écoute de ce disque, vous l’aurez compris, très étroitement liés à l’expérience personnelle de l’auditeur. Les fans de The Awesome Machine seront avant tout contents de mettre la main sur du matériel rare ou inédit, proposé sous une forme « présentable » (les titres qui en avaient utilité ont été re-masterisés pour l’occasion), et donc de se replonger via cette petite fenêtre sur la carrière du groupe, en particulier pour les débuts et la fin de leur carrière – tous les enregistrements datent en effet soit de 1998-1999 à l’époque où ils diffusaient des démos sur cassettes ou CDR, soit de 2004-2005, en prévision d’un nouvel album qui n’aura finalement jamais existé).

En revanche, est-ce que ce God Damn Rare est un bon moyen de découvrir le groupe ? Pas vraiment en réalité, car ce n’est pas sa vocation : par sa nature, le matériel proposé est certes qualitatif mais hétérogène. Par ailleurs, il ne s’agit pas non plus d’une compilation. Pour redécouvrir cet excellent combo, on vous conseillera plutôt de mettre la main sur leurs trois LP, à découvrir dans l’ordre de leur production. Ce disque trouvera alors naturellement sa place pour « compléter les trous ».

God Damn Rare est avant tout un excellent dispositif expiatoire, après s’être sentis démunis de l’arrêt discret et forcé du groupe il y a presque vingt ans de ça, une manière honorable de lui dire proprement au revoir. Il n’y a certes pas, a priori, de perspective de voir le groupe se former à nouveau… mais peut-être peut-on espérer d’autres petites pépites de cet acabit ressortir de la poussière pour constituer un volume 2 ? C’est le mieux que l’on puisse espérer.

Long live TAM !

 


Note de Desert-Rock
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