Les frères Keg sont de légendaires guerriers, prenant possession d’homme pour accomplir leurs exploits. Leur légende, aussi épique que fantasmée, reste cependant aujourd’hui oubliée de nos mémoires… transportés dans le corps de trois musicien anglais, les trois frères créent le groupe The Brothers Keg et viennent combler cet oubli de l’histoire avec un premier album, sobrement intitulé Folklore, Myths And Legends of the Brothers Keg.
L’artwork de Folklore, Myths And Legends of the Brothers Keg nous fait rentrer instantanément dans l’univers du groupe avec une imagerie mêlant science fiction et fantasy auquel vient s’ajouter une couche mystique, horrifique, rappelant en autre l’œuvre d’HP Lovecraft. The Brothers Keg assume d’ailleurs complètement cette orientation, expliquant en interview vouloir faire un album qui pourrait servir de bande son à des univers se rapprochant de Flash Gordon ou de La Guerre des Mondes. On sent de l’ambition derrière ce premier album notamment avec le clip des titres “Moorsmen” puis “No Erthly Form” qui, même s’ils restent relativement classiques, laisse présager que le groupe ne s’est pas trompé.
On retrouve dès l’ouverture de l’album “Moorsmen” avec son chant crié et son habile mélange de cavalcades heavy/doom et de riffs plus écrasants, arrivants en cassure au milieu du titre. On est directement plongé dans l’univers sombre de nos trois guerriers avant que “No Earthly Form” nous fasse basculer vers un doom psychédélique amenant un côté plus occulte. Folklore, Myths And Legends of the Brothers Keg sait aussi se faire plus violent avec les riffs acérés de “Castle Keg” donnant des visions de remparts embrumés pris d’assaut par des armées délirantes vouées à mourir sous la colère du chant du guitariste Tom Hobson. Ce chant crié, présent sur une bonne partie de l’album, apporte une épaisseur supplémentaire au propos du groupe mais s’adapte intelligemment aux changements de ton de l’album en se faisant plus aérien sur “Brahman” ou en devenant carrément fantomatique et inquiétant sur “No Earthly Form”. Folklore, Myths And Legends of the Brothers Keg va puiser dans diverses atmosphères heavy pour nous proposer un album puissant dans tous les secteurs, allant chopper les ambiances des morceaux les plus épais de King Buffalo jusqu’à se rapprocher d’un Domkraft sur le titre “Castle Keg”. Il faut mettre d’ailleurs en avant la qualité technique du trio, qui ne fait jamais dans la démonstration mais qui au contraire est en quête d’efficacité et de riffs à boucler à volonté. S’il y a deux relations à noter ce serait toutefois celles avec Elephant Tree et Spaceslug que l’on retrouve sur les morceaux orientés psych-doom comme “Introducing The Brother Keg”, la dernière partie de “No Earthly Form” ou encore sur le pachydermique “Brahman” et ses 13 minutes de pure lourdeur planante qui nous envoient valsés dans le cosmos.
Il n’y a pas grand chose à rapprocher à ce premier album des anglais à part peut être l’absence d’un ou deux morceaux plus agressifs qui auraient finis de nous rendre fou (surtout après écoute de leur démo, reprenant le nom de l’album, où on découvre une version plus crasseuse du groupe). Au final, on se retrouve face à un album solide, propageant immédiatement son energie et son monde chez l’auditeur. The Brother Keg apporte aussi un soin dans l’introduction de ses morceaux avec des passages plus ambiants et des interludes nous rappelant cette idée que l’on nous conte une légende, chaque accalmie faisant office d’ouverture à un nouveau chapitre. On vous conseille naturellement de jeter vos oreilles sur Folklore, Myths And Legends of the Brothers Keg mais attention… il n’est pas dit que ce ne soit pas l’album qui vous envoute pour vous engloutir dans son monde.
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