Nouveaux venus sur la scène Suisse et pourtant grognards aguerris (gâchettes chez Favez et Toboggan) les zicos de The Crotals proposent dans leur premier long essai de remettre la rouste au centre des débats. Et « Fuel ! Flames ! Blast ! » de dégueuler littéralement sur les rondeurs du genre. Un stoner grandement mâtiné de punk, voilà le programme. Un menu rêche où amuse-gueule, entrée, plat et dessert sont servis à la hache, piqués de clous rouillés et épicés au glaire.
Dès l’introductif « Lipstick on a pig » on nage dans la catégorie « déviance sonore » sur Stonehub, dans le dégueulasse baryton. Le riff n’est pas compliqué mais s’imprime directement en nos synapses gluantes. Les fûts de batteries sont agressifs, les frappes de caisse claire sont autant de gifles infligées à nos joues rosées et Guy Borel, le chanteur, nous vomis une violente guturalité au faciès. Pornosonore. On retrouve chez The Crotals une influence High on Firesque assumée, « Never Sorry » et « Black Blizzard » sauront vous en convaincre. On sent déjà nos torses velus perler de sueur lors des futurs concerts du combo. L’étrangeté du disque vient de ce développé stoner/sludge dans les idées, les riffs, les breaks de batteries et de son traitement « garage » au niveau du son. Ce dernier à tendance à effacer certains aspects et nuit à l’impact que pourrait donner la double pédale ou la guitare baryton. Ca manque de coffre dans les basses et l’on souhaiterai plus d’uppercuts dans la jugulaire.
Alors, attention « Fuel ! Flames ! Blast ! » est très bon. C’est d’ailleurs libérateur d’entendre un groupe qui ne tape pas dans la référence grunge ou dans la rondeur de compos léchées mais molles. Non, là, on fait face à 39 minutes de violences directes et agressives. Comment ne pas se dénuquer à l’écoute de « Blast » ? Comment ne pas succomber aux charmes collant troué/tu viens mon mignon/mascara qui coule de « Desert Odyssey » ? La galette est baignée tout le long d’un sentiment d’angoisse permanent et d’une rage qui portent les 10 titres très loin dans les profondeurs malsaines de notre intimité.
Quand The Crotals remue la queue, ça n’est pas pour signifier qu’il est heureux, non. Il agite ses mortels sonnettes pour vous foncer à la gueule et vous bouffer, vous défoncer les tympans et le bonheur. « Fuel ! Flames ! Blast ! » fait le même effet que quand on se loupe sur un plongeon. C’est violent, chaud, direct et vous laisse sur le bord de la piscine avec le look d’une crevette honteuse. A voir comment The Crotals se défendra sur la longueur et le temps. Mais le premier essai vaut sacrément le coup !
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