Votre serviteur reconnaît sans ambigüité mais aussi sans grand enthousiasme le talent de Desert Storm, ce combo anglais de gros stoner metal – plus metal que stoner finalement – aux pointes sludge énervées, que ce soit en live ou sur album. Le groupe est bon, et, même s’il n’est pas des plus innovants, il s’avère solide ; une valeur sûre pour répondre au pied levé à tout besoin de headbanging. La perspective d’écouter le side project de la moitié de ses membres (les frères Cole, guitariste et batteur de Desert Storm) n’apparaissait donc pas forcément comme des plus excitantes a priori… et pourtant, ce LP est rapidement apparu comme une véritable bouffée d’air frais dans une période de production musicale plutôt morne.
Figurez-vous que les gars s’attèlent à creuser un sillon un peu en déperdition : celui du stoner ! Et oui, désormais la plus large part de la production musicale affiliée de près ou de loin au genre prend des chemins de traverse : retro-proto-rock par là, psych-rock un peu à côté, et un peu plus loin doom, sludge, en se rapprochant des sentiers goudronnés du post-rock… Mais qui fait encore du stoner de nos jours ? Plus grand monde. Délaissant un peu les velléités nerveuses de Desert Storm, les frangins Cole s’associent donc à deux potes issus d’un autre groupe d’Oxford (Mother Corona) pour finir de compléter le line up de ce side-project, et se dédier à leur exploitation des sons fuzzés, des riffs plombés et de l’odeur du sable chaud.
Le résultat est une belle galette de dix titres bien gaulés, qui rappelleront évidemment Kyuss (le chant sur “Eschaton” ou “No Man’s Land” est un véritable ersatz de John Garcia, ce qui n’est pas forcément le cas sur le reste de l’album, ne généralisons pas) et les meilleures formations de l’axe US/UK (et certaines formations scandinaves) du début des années 2000. La plupart des compos ont un haut facteur accrocheur et seront fredonnées par l’auditeur bienveillant au bout de deux ou trois écoutes à peine. Pour la forme, on mettra quand même en avant quelques morceaux plus marquants, comme le couplet groovy de “Black Spiral”, la ligne de basse et le riff massue du très fat “Explode”, l’instrumental “Significant”…
Bref, The Grand Mal, en toute discrétion et presque humilité, propose un album de stoner très qualitatif, ce qui de nos jours est presque devenu une anomalie musicale. Pas ancré dans des codes trop fermes, ils y adjoignent le meilleur de leurs différentes expériences musicales et groupes “parents”, pour rendre l’ensemble varié, moderne, et vivifiant. L’ensemble est probablement imparfait et certains titres moins fringants que d’autres… Mais le retour sur investissement est au rendez-vous après seulement une poignée d’écoutes. On se prend même à espérer voir The Grand Mal prendre le pas sur Desert Storm et prioriser sa présence scénique et discographique dans les prochaines années… (désolé)
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