Quelques mois après la sortie de son très réussi Funrider, le trio israélien ressort son troisième album, sorti en 2018 uniquement dans son pays, sans distribution mondiale. Il est donc peu probable que ce disque soit parvenu entre les mains de beaucoup de monde jusqu’ici, l’occasion aujourd’hui pour nous de voir s’il fallait déplorer ce constat. En effet, The Great Machine a vraiment décollé à l’occasion de ses deux derniers albums, bien supportés par quelques rares mais fantasques prestations live. Mais leurs premiers albums sont moins connus, et cette re-sortie est une bonne occasion de découvrir une partie moins connue de leur discographie.
Clairement, il est assez étrange de se lancer dans l’écoute de ce disque après avoir poncé il y a quelques mois le costaud Funrider. En effet Respect est franchement plus décousu. Il est difficile pourtant de qualifier Funrider de disque solide, mature et homogène (il part quand même pas mal dans tous les sens, et a même quelques passages plus faibles), pour autant, il reste moins hétérogène que Respect, dont les chansons ont du mal à trouver leur place ensemble, chacune représentant une facette des influences du groupe. On notera en revanche une constante sur le disque, cette tendance gentiment sludgy (voir le gentil “Slide Show” ou encore “Witches” et leur riffing sobrement glaireux), un peu moins présente sur leurs récentes productions. On passera rapidement l’assumé plagiat de la bande à Lemmy avec “Motor Charlie”, sans intérêt autre que l’hommage, pour tomber un peu plus loin sur “Dragon Wagon” et sa rythmique que l’on croirait directement extraite d’un vieux Truckfighters. Le groupe s’essaye ensuite pendant 13 minutes à sa version lente et barrée du doom, avec le peu inspiré mais bien nommé “Doom Machine”, avant de nous laisser sur le décousu “Respect” et sa conclusion chaotique.
Bref, ça tourne, ça vire, ça saute, ça riffe, ça part un peu dans tous les sens, et au final… ça se cherche un peu. Album de jeunesse, réellement, Respect est avant tout un disque où le groupe se montre et tente des choses, sans se brider, sans s’empêcher de rien (peu aidés par une production un peu rudimentaire). Un effort sympathique, dont quelques chansons restent bien à l’esprit (“Slide Show”, “Dragon Wagon”…) mais qui se verra supplanté en tous points par ses albums suivants. Pour les collectionneurs complétistes en tout cas, c’est une belle pièce.
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