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The Midnight Ghost Train – Cypress Ave.

Après une très longue période d’absence sur nos écrans-radars, TMGT (pour les intimes dont nous pouvons nous targuer d’être), la créature de Steve Moss, fait son comeback avec son deuxième album sur Napalm. S’il s’est fait rare sur les planches depuis les ennuis de santé de son frontman, le trio a passablement communiqué avec ses suiveurs via les réseaux. Nul n’ignore donc que le chanteur-guitariste a troqué sa crinière et son air underground contre un look de jeune premier, que c’est un nouveau tourneur qui est en charge de les faire se balader dans nos contrées et que, l’album terminé, le bassiste – Mike – n’est plus embarqué dans cette aventure. Avec ce genre de signaux, même anodins, il était peu probable que nous allions avoir droit à une suite logique – ou une redite – de « Cold Was The Ground », leur dernière production sortie en 2015 qui reçut un accueil très positif.

On ne va pas se mentir : avec cette avenue, les Étasuniens nous emmènent sous d’autres horizons et c’est franchement très loin d’être mauvais. Ça, on s’y attendait quand-même la moindre vu l’affection que nous portons à cette fine équipe et certaines choses demeurent. Parmi celles-ci, on notera avec satisfaction que le sens du groove, les voix burinées par les excès desquels elle est revenue, ainsi que les riffs saturés lorgnant vers les influences dites sudistes répondent présent à ce rendez-vous pour mélomanes avertis.

Ce qui évolue avec cette nouvelle pièce, c’est principalement la voie plus mélancolique et intimiste que le groupe emprunte avec une légèreté ainsi qu’une fluidité impressionnantes. Ceux qui, parmi vous, suivent ces Ricains depuis longtemps se remémoreront avec délice les prémices de cette production qu’étaient « Tom’s Trip » sur leur deuxième long format « Buffalo » et plus globalement l’étonnante première trace que le groupe laissa en 2008 avec le fameux court « The Johnny Boy EP » sorti sur les réseaux indépendants. Allez donc vous repasser « Do You Feel » ou « Stranger » vous comprendrez que cette attirance pour le côté moins obscur de la force n’est pas en soi une nouveauté.

Forte d’une certaine dose de courage – ou mue par des ambitions suicidaires c’est selon – la formation nous propose un disque neuf à la fois déroutant et incroyablement prenant. Impossible de rester insensible à ces 51 minutes ! C’est simple : soit vous prenez cette chose, la refoutez ipso facto dans son emballage et la tirez loin, soit vous vous laissez porter par cette longue descente introspective en n’ayant de cesse que de presser sur repeat. Construite de manière à ne pas trop déstabiliser l’auditeur, cette production nous renvoie aux prémices du rock, lorsque les artistes élaboraient des prods pour que les mélomanes les écoutent en entier et à la suite (ça fait bizarre hein, bande de sales zappeurs !). Nous débutons donc avec quatre titres qui puent de dessous les aisselles et nous rappellent direct l’ambiance déployée live par TMGT : l’incroyable « Tonight » et son groove implacable, « Red Eyed Junkie Queen » qui fait l’objet de la première vidéo sortie pour cet album ainsi que « Glenn’s Promise » et « Bury Me Deep » qui sont des poutreries programmées en live. S’en suit une transition aux faux airs de champs de fraises pour toujours intitulée  « The Watchers Nest » qui nous propose carrément un subtil mélange d’émotions burnées et d’ingrédients propices au pelotage dans un cinoche drive-in.

Si nous avions pu être déconcertés par l’attirance du groupe pour cette grande dame qu’est Nina Simone, nous ne le sommes plus désormais en se passant le blues intimiste « Break My Love » qui entame la deuxième partie du disque. C’est acoustique et grailleux à la fois, ça sent le feu de camp, les haricots rouges et les topettes de Jack (voire la bière chaude) qui passent de mains-en-mains. C’est du blues originel et ça ne va pas plaire aux sectaires de la communauté stoner, mais putain que c’est bien foutu ! Toujours dans cette phase de la production, « Lemon Trees » fait office de pont apaisé avant un véritable ovni, mais cette espèce de balade molle du genou mérite tout de même de s’y attarder car sa puissante attaque finale renvoie au meilleur de ce que la bande de Steve nous livre depuis sa création. Ça passe ou ça casse avec « The Boogie down » qui voit débarquer Sonny Cheeba au micro ainsi que tout un tintamarre dispensé par une section cuivre ; je n’accroche pas et préfère exercer une pression légère sur skip afin d’attaquer le trio final.

Au sommaire de cette arrivée en douceur : trois titres, trois ambiances, trois fois plus de 5 minutes au compteur et trois réussites dans des styles fort différents. D’abord « Black Wave » qui s’égare, avec volupté, dans un registre très proche de l’acoustique où le leader de la formation est presque seul à la manœuvre ; la section rythmique assurant l’indispensable minimum permettant de ne pas se noyer dans une balade acoustique chiante à en crever, même si j’aurais apprécié de voir ce titre se conclure plus rapidement (franchement aucun intérêt de l’étirer en longueur ainsi). En dernière position pour les versions exemptes du titre bonus : « The Echo » qui conserve quelques séquelles de la tournée de ces garçons avec Greenleaf en proposant un groove mortel qui alterne phases propices au sommeil et grosse démonstration de guitare ; et merde que c’est efficace ! Tout a une fin, même les bonnes choses, et pour « Cypress Ave. », la fin c’est « I Can’t Let You Go » qui est estampillée bonus et qui demeure soft, mais avec ce qu’il faut de couilles pour ne pas être mièvre ; une juste combinaison de l’approche calme clairement privilégiée sur la fin de cette production et de l’approche scénique déployée à l’accoutumé par The Midnight Ghost Train.

Alors quoi ? On achète ou on n’achète pas ? On achète, mais on n’achète clairement pas un album de stoner ! On achète une pièce incohérente avec les livraisons du groupe du Kansas, mais incroyablement cohérente avec les premiers jalons posés originellement à Buffalo dans l’État de New York. On achète la rupture avec la facilité qui aurait été de commettre une imbécile répétition de « Cold Was the Ground ». On achète surtout si on est capable de s’enfiler presqu’une heure de musique qui n’est pas propice à se secouer les pellicules sur le col de sa veste à patches ; si tel n’est pas le cas : on n’achète pas, on ferme son claque-merde et on garde son pognon pour boire, se droguer ou acheter des plaques au rayon bourrin.

 

Point vinyle :

Une belle brochette de déclinaisons au programme pour cette en dehors des habituels rondelles argentées et versions insaisissables physiquement : 100 pièces vinyles dorées, 200 exemplaires clairs ainsi que l’usuel noir originel aux saveurs du temps jadis. Remuez vos arrière-trains flasques : il n’y en aura pas pour tout le monde..

Note de Desert-Rock
   (8/10)

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