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The Skull – The Endless Road Turns Dark

Lorsque l’air est devenu irrespirable entre Bruce Franklin et Eric Wagner, les deux têtes pensantes de l’hydre Trouble, légende heavy doom de Chicago, le premier a gardé le nom de domaine tandis que le second, en bon chrétien, s’est effacé pour fonder The Skull, prenant tout de même soin d’emporter avec lui Ron Holzner et Jeff Olson, soit ni plus ni moins que la section rythmique de Trouble. Acoquinés avec un ex-Pentagram, cette moitié de Trouble propose avec For Those Which Are Asleep, publié en 2014 chez Tee Pee Records, un excellent disque de doom aux antiques vibrations, reprenant le temps de ce que l’on imaginait comme un coup d’un soir, les qualités ancestrales de ce qui a bati la légende doom US. Voilà que sort alors, quatre ans plus tard et en toute discrétion, The Endless Road Turns Dark, comme une seconde chance pour cette jolie romance.

Toujours chez Tee Pee Records, sans l’ex-Pentagram (Matt Goldsborough), sans Jeff Olson derrière la batterie mais avec le talentueux Rob Wrong (Witch Mountain) à la guitare (son jeu Sabbathien se marie à merveille avec le toucher, plus heavy 80 de Lothar Keller) et rien de moins que Brian Dixon (Cathedral) à la batterie. Solide vous avez dit solide ? Si vous cherchez ici de l’originalité, passez votre chemin, allez du côté de la musique bruitiste, dissertez post rock avec le petit doigt sur l’ourlet et pourquoi pas avilissez-vous jusqu’à suivre la mode synthwave (ce qui vous amènera tragiquement à saluer la prise de risque de Muse sur son dernier disque), mais si votre cœur de doomster bat (au ralenti) pour le vieux heavy, avec refrains poignants et riffs tout en huile de vidange, vous trouverez là votre bonheur. Batti avec les normes usuelles du genre, The Endless Road Turns Dark offre un morceau d’ouverture imparable, puis un single au riff plus complexe qu’il n’y paraît (« Ravenswood », qui rappelle Trouble période Plastic Green Head, le Trouble qui influençait Alice In Chains) avant de se permettre de prendre ses aises, considérant que le contrat est déjà rempli. Ainsi les 5 routiers du mid-tempo se permettent à peu près ce qu’ils veulent, du doom lancinant (« Breathing Underwater ») à  l’inévitable ballade (« All That Remains (Is True) ») pour quinquas en mal de « c’était mieux avant » (« Thy Will Be Done » nous sort même le meilleur riff de 2018 qu’on aurait aimé avoir en 1989). Reste que cette apparente routine d’un heavy rock ronronnant est sublimée par la classe folle de ceux qui l’on composée. Avec son patronyme qui le prédestinait à la musique pesante, (Eric) Wagner prêche pour sa paroisse (le refrain de « Longing ») et ses comparses rivalisent de bonnes idées (« From Myself Depart ») tout au long d’un disque aussi ramassé qu’il est efficace. Et puis merde, comment résister à « From Myself Depart », entre feeling bluesy (cette basse) et groove à papa ?!

En se terminant avec « Thy Will Be Done » qui reprend le thème et le refrain de « The Endless Road Turns Dark » en seconde partie de morceau, l’album réalise donc une sorte de boucle et s’impose, par delà sa forme classique et son respect absolu des préceptes Sabbathiens, comme une  pépite heavy doom, comme il y en a trop peu en cette fin de siècle tournée vers d’autres préoccupations métalliques. Avons nous affaire ici à une chronique de vieux con (avec plus de parenthèses que dans un roman de Stephen King ?) d’un disque pour vieux con ? Probablement.

 

Point Vinyle :

205ème publication de Tee Pee Records, The Endless Road Turns Dark n’a été pressé que dans un pas très joli gris avec black splatter en quantité limitée, sans que le chiffre ne soit donné (500 ? 1000 ? 1500 ? Mystère). Pas le plus difficile des albums à trouver.

Note de Desert-Rock
   (8/10)

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