Imaginez vous en train de profiter d’un verre de whisky dans ce saloon qui respire la mort, le souffre et l’alcool frelaté. Tandis que le pianiste vous joue un grand classique et que les filles de joie vous regardent du haut de l’étage, une partie de poker dégénère. The Texas Chainsaw Dust Lovers décide alors de dégainer le premier afin de refroidir une bande de pistoleros crasseux, violents, ivrognes et amoraux à coup de Me And The Devil. Vous l’aurez compris, ici on va voyager sur le dos d’un noble destrier afin de découvrir l’Ouest américain à la sauce italienne, et, surtout, avec un zest de citron à la française.
Après une belle réussite avec leur dernier EP, The Wolf is Rising, la bande nous emmène à travers huit titres respirant la maturité et l’authenticité artistique. Ici on fait régner l’ordre en tirant des coups de riffs de basse et de guitares bien lourds et fuzzy. Car la loi est celle du plus fort comme l’atteste cette batterie puissante réglant ses comptes avec le tempo. Et, ce chant envoutant, suintant l’amour bien sale, vous fera bien comprendre que l’anti héroïsme peut avoir ses bons côtés quand on sait maîtriser toute cette diversité et richesse vocale.
Ce premier album propose des titres plus riches les uns que les autres. Il suffit de prendre au pas « Me and the Devil » qui saura introduire la galette avec subtilité et légèreté, non sans quelques retentissements très à la Josh Homme en fin de partie. « Dark stuff » commencera tout doucement à vous faire monter en pression, puis « Summer spleen » marquera le point de non retour. Il est temps d’allumer sa pipe, histoire de digérer (n’est-ce pas Tuco ?). Pour les plus connaisseurs, on pourrait même y trouver un côté un peu effréné à la Royal Republic, mais le final prouve que TTCDL sont les maîtres du jeu. En effet, l’esthétisme de Me And The Devil gagne en profondeur avec tout ce qui va suivre. « My lover of the moon », qui est un bien bel hommage à QOTSA, est certainement le morceau le plus psychédélique et planant que le groupe ait pu porter. Puis « Doin no harm » ou encore « The sleepwalker » jouent les grands angles de caméras largement ouverts sur les paysages rythmiques imposants et expressifs : entre lenteur et intensité qui monte.
Ensuite, « That town under the sun » va vous mener vers une longue scène de duel : les regards se croisent, la sueur dégouline à souhait sur les tempes tendues, et, les visages brulés par le soleil reflètent l’inévitable. Finalement, le combat n’a pas lieu, le groupe préfère réconcilier en dégainant la grosse distorsion Fuzz et une parfaite démonstration rythmique avec « Leaving town ». Un morceau magnifique et riche en intensité qui conclut cette galette avec classe.
TTCDL offre ainsi la démonstration d’un large accomplissement sans faute avec cet album. Œuvre mature, riche en nuances ainsi qu’en subtilité, addictive, et, par sa fougue originale, Me and the Devil peut déjà prétendre à devenir un album culte.
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