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Torche – Harmonicraft

D’aucuns prédisaient déjà la fin du « phénomène Torche », basant ces sordides prédictions sur un EP assez moyen et un split plutôt faiblard. Leur départ du label couillu Hydrahead pour le sexy mais plus policé Volcom pouvait étayer ces propos. Heureusement pour nous, la situation est toute autre, car oui, affichons-le tout haut : « Harmonicraft » est une réussite.

Musicalement, la base de travail a repris après « Meanderthal », leur « breakthrough album », pour réaffirmer leur identité musicale, développer leur style musical dans la même veine. Pas plus « pop » comme certains le craignaient, pas plus bourrin non plus. Le créneau musical du quatuor floridien est assez exclusif pour ne pas avoir à broder autour. Difficile à décrire d’ailleurs : les bios du groupe qualifient la musique de « thunder pop »… On pourra plutôt parler d’un stoner rock heavy mais propre sur lui, une sorte de sludge pop, un truc où les mélodies punky occupent le premier rang musical, bien plombées par des grattes saturées bien pêchues. On peut alterner sur un même titre entre riffs répétés à l’envie et refrain enjoué… Une musicalité travaillée, un sens de la composition complexe, des structures de morceaux atypiques… Là où le pur stoner est organique et chaud, la musique de Torche peut apparaître plus froide dans son approche, plus corticale que viscérale… Une fois dressé ce tableau assez complexe (écoutez une bonne fois, vous verrez bien de quoi il retourne !), il est temps de s’attarder sur ces chansons, 13 power hits bien tassés (moins de 40 minutes en tout) : pas un seul bouche-trou, le groupe vise l’efficacité sur toute la durée du skeud. La tension ne baisse jamais. Tandis que l’introductif « Letting go » replace l’album dans son contexte de continuité musicale, le single « Kicking » est là pour rappeler que le groupe sait aussi coller de beaux coups de pieds musicaux dans les baloches. Si ce n’était ce break psyché un peu décalé, le morceau serait juste impeccable. La minute et demi de « Walk it off » vient clôturer ce carnage en venant nous tabasser au sol. S’enchaînent ensuite des morceaux aux tempi variés, aux structures soit complexes soit ultra simplistes, aux sonorités contrastées (voir le couplet rapide de « Sky trials », porté par un lick de guitare aigu, et contrebalancé par un refrain au son de gratte sur-saturé ; voir aussi l’instrumental éponyme, plutôt bien foutu dans sa veine quasi « électronisante »).

Titres catchy, compos enthousiasmantes voire joviales (« Kiss me dudely »), ce disque a tous les atouts pour plaire au plus grand nombre, sans pour autant verser un seul instant dans le mainstream. Joli geste. Ce n’est pas le disque de la décennie, mais c’est un disque qui fonctionne très bien, bien exécuté, bien écrit, honnête et original. Avouez qu’on ne peut pas dire ça souvent sur les sorties récentes… Vivement conseillé.

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