A en juger par les retours sur les productions précédentes de Tracer, le trio australien propose tout ce qu’il faut pour satisfaire bon nombre de desert-rockers. Si pour autant le groupe n’évolue pas dans les sphères immédiates du stoner rock pur jus, les riffs lancinants du combo, son son de guitare, et d’autres facteurs séduisent bon nombre de stoner-heads. On remarquera avec un certain plaisir la production régulière du groupe : après un album en 2011, un EP “amélioré” en 2012 pour passer le temps, les voici déjà revenir avec sous le bras une nouvelle galette… Ils ne sont pas prêts de se faire oublier !
“El pistolero” en introduction nous fait craindre une propension trop prononcée vers un metal trop classique et trop éloigné de nos contrées sablonneuses de prédilection. Mais très vite, le vent de l’outback commence à gagner nos oreilles… et de manière presque “choquante” : il faut entendre en effet le couplet de “Lady killer” et son effarante reprise de celui du “Odyssey” de Kyuss, dans le riff et la ligne vocale. Pourtant, nos bonhommes ne sont pas débiles, dès lors on hésite entre l’innocence complète, et simplement l’hommage modeste. Passé cet épiphénomène, le reste de l’album reprend un peu de hauteur et on retrouve ce qu’on apprécie chez Tracer : une musique audacieuse, débridée, ample, portée par un son rond et solide, et des vocaux particulièrement marquants (Michael Brown n’a toujours pas décidé de se débarrasser de son encombrante ressemblance vocale avec Chris Cornell – chassez le naturel…). En choisissant le vétéran classieux Kevin Shirley à la production (plus connu pour avoir produit des prod hard rock rutilantes, notamment Maiden, Rush, Journey, mais aussi Slayer ou un DVD de Led Zep’), le modeste combo de l’autre hémisphère affiche haut et fort son ambition. Et côté son, pas de modestie à avoir, ça dépote, c’est propre et c’est véloce. Le groupe ayant ainsi sécurisé la forme, restait à travailler sur le fond, à savoir les chansons, et là encore le groupe ne déçoit pas. Son talent dans la composition n’est plus à prouver, et tout en étant variées, les chansons sont toutes originales, et ont une accroche particulière, une immédiateté que beaucoup de groupes leur envient. Difficile de citer à ce titre quelles chansons sont meilleures que les autres. On mentionnera tout au plus “Dirty little secret” (avec son couplet 100% QOTSA), “Scream in silence” (le mid-tempo qu’on déteste aimer), le percussif “Wolf in cheap clothes”, et le meilleur titre selon moi, “Hangman”, qui mélange refrain à la Soundgarden, passages orientaux à la “Kashmir”, le tout porté par une rythmique ronde et robuste.
Bref, si vous ne devez en aucun cas attendre à travers Tracer la relève du stoner californien, vous pourrez dans tous les cas apprécier la musique péchue du combo qui compte parmi ses influences certains de nos groupes préférés. Apportant leur propre identité décomplexée, ils ne versent jamais dans le plagiat, et proposent au contraire des compos soignées, efficaces, qui ont un potentiel de séduction assez étonnant pour peu que l’on ait les écoutilles grandes ouvertes.
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