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Tracer – Spaces In Between

Ce disque aurait pu passer complètement inaperçu, or il s’est finalement retrouvé dans le top de ma playlist de ces dernières semaines. Ce groupe australien partage le même label que Masters Of Reality, ce qui a commencé à me mettre la puce à l’oreille. La qualité intrinsèque de cette production, même si elle ne se situe pas franchement dans un courant directement dérivé du stoner pur jus, m’a incité à en parler ici.

Musicalement, la musique du trio est très difficile à catégoriser. N’allez pas pour autant croire que le groupe part dans tous les sens et expérimente à tout va ; simplement, la musique de Tracer est une sorte de mix de 2 décennies de gros rock, une synthèse que seuls certains groupes australiens peuvent produire (les combos australiens sont souvent des groupes aux démarches très indépendantes, peu liées aux modes). En l’occurrence, l’on retrouve ici pas moins de 12 titres de très gros heavy rock rocailleux, évoluant en gros entre le hard rock tendance sudiste (à l’image d’un Black Stone Cherry, voir le single « Too Much », bien burné et garni de soli) et le grunge le plus heavy (tendance Tad, voyez). Factuellement, les influences sont assez éparses et balayent large, même si elles sont facilement observables. En premier lieu, ce qui se remarque le plus c’est les intonations du chant qui parfois poussent très très fort du côté de Chris Cornell ou Layne Staley (« Dead Inside » propose une sorte de mélange des sonorités de ces deux grands vocalistes). Connaissant les accointances entre les fans de stoner et les amateurs de ces excellents groupes que sont Soundgarden et Alice In Chains, ce point ne devrait pas paraître rédhibitoire, au contraire. Au-delà du chant, le trio se vautre aussi parfois sur les plate bandes musicales de Soundgarden (sur des titres comme « Spaces in between », « All in my head » , « Save my breath ») et d’Alice In Chains (le refrain de « Won’t let it die »). Occasionnellement, les sonorités « QOTSA-esques » pointent le bout de leur très gros nez, notamment à travers l’insolent couplet de « Push » (mettez un peu de QOTSA dernière période avec du Them Crooked Vultures et un zeste de Masters Of Reality) ou la rythmique de titres comme « Devil Ride » ou celle du couplet de « The Bitch ».

Au final, cette diarrhée de name dropping pourrait laisser croire que le groupe se complaît dans l’ersatz musical, se cantonne à copier des groupes illustres. Sauf que ce disque, sous format power trio (= droit au but), respire quand même la franche sincérité, et, sans jamais verser dans la copie, suscite un vrai plaisir d’écoute. Un groupe (paradoxalement) qui peut dégager une réelle originalité sur la durée de l’album. Une écoute saine et réjouissante, une appréciation décomplexée sont les composantes d’une sympathique découverte musicale. Même si Tracer ne changera probablement pas le monde musical tel que l’on le connaît, ce disque donne envie d’en entendre plus et de les voir en live.

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