Phi est une bonne galette de nos amis nordistes qui, à nouveau, mettent une note de finesse dans cet univers suédois fait de fuzz et de compression dans l’exploration des basses fréquences. A nouveau, si TF joue clairement dans le même registre sonore que Dozer niveau distorsion, les mecs s’en distinguent via des structures très fouillées et plus originales et surtout via un éclectisme qui pourrait en faire fuir plus d’un car ils n’hésitent pas à saupoudrer leurs breaks de grattes acoustiques.
La sauce prend super bien dès la 2e plage lorsque les grattes font parler la poudre après une intro construite sur une couche de flanger. On sent bien que les mecs maîtrisent maintenant leur recette ainsi que les amplis qui leur servent de fourneaux, ou plutôt de brasiers ardents.
La formule prend tout son sens à l’écoute de la 3e plage lorsque le refrain hurlé et à hurler entraîne l’auditeur dans un mouvement inexorable visant à monter le volume de la sono. Le final de ce morceau se passe dans un répétition ad libidem d’un riff hypnotique dont la seule variation consiste à un moment donné à le reprendre à l’octave avant de terminer sa course dans un pilonnage où les musiciens font preuve d’un mimétisme détonant.
Une petite touche de douceur point à l’horizon pour la chanson suivante mais dérive assez rapidement dans de beaux envois de fuzz 100% groove. Ce qui me frappe dans leur musique au grain sonore pourtant si caractéristique et reconnaissable, c’est la qualité de la composition: cette alternance de riffs et d’ambiances finement pensés plonge l’auditeur dans un beau voyage fait de remous et d’accalmies. Truckfighters sait comment donner des couleurs à sa musique et pourtant cette touche multi-chromatique s’opère dans un genre pourtant bien distinct. Que l’on ne vienne pas me dire que ces mecs font dans le cross-over ou la fusion!
Les morceaux s’enchaînent et il faut reconnaître que la 2e moitié de l’album (10 titres au total) est peut-être moins excitante de prime abord. Néanmoins, plusieurs écoutes approfondies permettent d’en cerner les méandres et donnent au final un sentiment de qualité égale dans la composition et les arrangements tout au long de cet opus.
Enfin, le titre de cet album (Phi augmenté de son symbole signifiant philosophie) est sûrement un clin d’oeil au nom quelque peu brutal et abrupt de ce groupe. Mais après tout, TF aime à cultiver la différence et les contrastes, même dans un style défini.
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