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Ufomammut – Ecate

Voilà, il fallait trancher, séparer la fanfreluche de l’absolue nécessité. En même temps, à la vue des dernières prestations live des italiens, on se doutait un peu de cette évolution. Plus ramassée, plus directe, moins grandiloquente, la musique du trio nous entrelaçait les intestins en un chapelet d’angoisses, faisant éclater ses balles doom-doom au cœur même de nos incertitudes. « Ecate » est donc le symptôme physique de ce retour vers plus de simplicité, la conclusion gravée de son envie d’être plus direct et urgent.

La plaque s’éloigne des standards du groupe en proposant 46 minutes de furie pour 6 titres, grand écart structurel comparé aux deux volumes de « Oro ». Ramassé dans le temps donc, mais grand ouvert dans l’esprit, le trio envoyant son doom dans l’espace ou dans la lave selon les morceaux. Prenez le premier titre « Somnium » qui vous file l’impression d’être sur le pas de lancement d’un missile V2, prêt à décoller sous le joug de cette rythmique martiale et lointaine (le groupe ayant une fois de plus enregistré dans son ptit lieu fétiche, l’ancienne école du village de Sarezzano, profitant de la réverbe naturelle qui mousse de son ampleur l’ensemble de l’album). Le titre-missile explose ensuite dans une gerbe grasse de TNT, trois lettres pour trois notes laissant peu de place à la finesse. Finesse à nouveau déflorée, par le titre suivant, un « Plouton » glouton très indus avec sa voix éructée et lointaine, un concentré de haine viscérale pure gerbant sur le « Chaosecret » suivant. Ce morceau est d’ailleurs un fier représentant de la bipolarité nouvelle du trio. On assiste à un long développé couché narcoleptique et psychotrope sur plus de 6 minutes pour finir sur une baise graveleuse où le doom et le groove s’enlacent en un python luisant et salace. Le reptile poursuit sa course avec « Temple » qui promet l’enfer à toutes les nuques. Promenant ses écailles luisantes sur un groove salace, le titre semble prendre un malin plaisir à nous entraîner plus bas encore, dans les profondeurs du doute et de nos retranchements.

Mais réduire « Ecate » à un album terrien, voir sous-terrien serait une erreur. Car Ufomammut a toujours su distiller des gouttes de respiration au gré de ses albums. On retrouve donc leur nouvel essai, parcouru de nappes synthétiques, de notes acides et cristallines baignées donc de cette fameuse et enveloppante réverbération, offrant le juste contrepoint à la brutalité des compos. Le trio allant même glisser un « Revelation » tout en kraut-respiration au trois-quart de l’album. Un soupir spatial permettant au dernier titre « Ecate » d’exploser plus que de raison et d’éradiquer nos dernières incertitudes quant à la qualité de cet album.

Le fait est que Ufomammut a décidé d’être plus direct et concis. Des méandres labyrinthiques qu’il composait précédemment, ne reste qu’un couloir étroit, sombre, suffocant, tout juste éclairé au loin, par cette lumière rédemptrice. « Ecate » symbolise le renouveau et le retour d’un grand et gros Ufomammut. Il a, dans sa démarche, su recentrer les débats, un peu à la manière de Conan, pour en extirper l’essentiel. On en ressort essoufflé et finalement, plus vivant que jamais. A l’écoute de cet album, je me suis senti comme un astronaute sans oxygène. On se sait condamné, c’est inéluctable. On meurt étouffé, certes, mais serein et apaisé devant la beauté et l’immensité de l’espace.

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