On en aura mis du temps à vous parler de Uncle Acid & the Deadbeats, noyés que nous fumes sous le raz de marée de leur notoriété étourdissante… Plus sérieusement, on peut parler d’un véritable phénomène autour du groupe, avec un buzz qui couvait depuis une grosse année en gros, chacune de leurs prestations scéniques devenant événementielle, avec une scission de plus en plus brutale entre les “j’y étais” et… les autres. Ce buzz déjà atypique a pris un coup de pied aux fesses cataclysmique avec l’annonce qu’ils assureraient la première partie des dates européennes de Black Sabbath, ni plus ni moins. Les vieux broomies ont manifestement bien accroché sur ce petit groupe briton, à peine signé sur un label mal distribué (les très underground Rise Above), dont la musique révérencieuse fait mouche. On prend donc le train en route à l’occasion de ce “Mind Control”, troisième effort du combo, sorti plus tôt cette année. Même si “Blood Lust”, son prédécesseur, fut l’album de la révélation (on le chroniquera un jour… promis !), leur dernière rondelle se devait de transformer l’essai.
En fait, il ne faut pas longtemps pour comprendre ou justifier le “pourquoi” de leur sélection par Black Sabbath sur leur tournée : pour être précis, il suffit d’attendre la troisième minute de “Mt. Abraxas” pour se faire plaquer au sol par un riff Iommi-esque qui sent bon les 70’s. Attention toutefois, et cette réserve vaut pour tout l’album : Uncle Acid (a priori on ne parle plus des Deadbeats, le père Starrs, en leader autocratique qu’il est, laisse libre court à son penchant subtilement mégalo…) n’est pas un groupe aussi heavy que pouvait l’être Sabbath, en tout cas dans ses atours les plus connus. Il faut plutôt chercher les influences de notre jeune quatuor du côté des penchants les plus “aériens” de Sabbath, des vieux Purple (ah ces claviers, juste subtils, bien vus…), mais aussi ici ou là des mélodies presque pop (“Death Valley Blues”). Bref, plutôt des groupes de la fin des 60’s plutôt que du début des 70’s en réalité, même si certains penchants doom se font jour ici ou là (on notera le très sombre “Desert Ceremony” ou encore “Valley of the Dolls”, qui chacun occasionnellement peuvent rappeler le son de groupes comme Type O Negative, qui ont synthétisé le son doom le plus sombre dans le “monde moderne”…). Les vocaux hantés de Starrs (et ses propres harmonies vocales qui doublent plusieurs de ses parties de chant) et des passages bien lancinants (les grattes hypnotiques de “Mind Crawler”) apporteront leur touche psyché règlementaire pour tout combo “old school” typique. Bref, un vrai foutoir musical.
Pourtant, au final, le disque ne manque pas d’intérêt ni de cohérence de fond (pas forcément de forme, effectivement). En terme d’intention, d’abord, le propos est clair : Starrs est bloqué dans un espace temporel dont il ne cautionne pas le langage musical, il se vautre donc complètement deux générations plus tôt, pioche ici ou là, et redistribue les cartes à sa convenance. Sa musique semble donc occasionnellement faite de bric et de broc, certes, mais chaque titre est lié à son prédécesseur par les lignes vocales emblématiques de Monsieur Uncle Acid, et un corps instrumental robuste, stable, qui se complaît comme on l’a vu dans une synthèse musicale assez large. Si l’on rajoute à ça un talent de composition simplement remarquable, on se retrouve devant une floppée de titres catchy, efficaces, variés, et l’on ne s’ennuie pas d’un bout à l’autre.
On ne rechignera donc pas longtemps et l’on fera vite l’acquisition de ce disque très bien foutu. Manifestement il y a finalement plus qu’un simple buzz derrière le groupe, et même si la démesure de sa réputation subite ne trouve pas d’explication rationnelle, le bonhomme (c’est quand même avant tout le combo de K.R Starrs) ne démérite pas et propose une musique de qualité. On a du mal à se projeter sur la pérennité de cette vague de groupes résolument tournés vers le passé (pas glorieux le sort de Wolfmother), mais on en profitera tant que ça durera.
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