Ne vous y trompez pas Slaughter On First Avenue n’est pas à proprement parler un nouvel album de Uncle Acid & The Deadbeats, il s’agit d’un live enregistré en deux fois à Minneapolis (Sur la première avenue, vous l’aurez compris), en 2019 et 2022. C’est au passage l’encadrement du 20e anniversaire de la bande de Kevin R Starrs, maître concepteur et figure de proue d’un groupe anglais qui tout au long de sa carrière n’aura pas su trouver d’autre noyau à sa structure que ce dernier.
Je suis toujours sceptique face à l’arrivée d’un live, bien souvent déçu pour ne pas dire trop peu intéressé par la chose une fois transposée sur le froid support du disque. Slaughter On First Avenue pourtant échappe à ce biais.
La mise en scène est bien retranscrite, le sample d’introduction interpellant la foule telle la voix de Tonton dans “1984” de Orwell, les cris des sirènes et la montée sur scène progressive des instruments replonge immédiatement dans l’ambiance d’un concert de Uncle Acid. “I See Through You” éclate aux oreilles, filant immédiatement la chair de poule. C’est gagné l’ambiance ne quitte plus l’auditeur, la restitution des cris hystériques d’une femme au premier rang, cette hype adolescente qui porte le groupe, la légère dissonance du chant qui n’est pas en rien gommé par un choix trop lisse. Tout est là, la force du live, un instant unique où chaque détail fera du concert le moment qu’il fallait vivre ou celui dont on se souviendra comme d’un immense raté.
N’ayez crainte, c’est ici un carton plein qui vous attend. S’il n’est pas la peine de vous refaire l’article sur les compos (Nous les avons déjà bien épluchées dans nos articles sur ce site) Il est louable de s’attarder sur le choix des titres qui réalise une croisée des chemins entre les deux concerts. La chronologie des set lists est respectée et peu de titre se retrouvent exclus de cette synthèse qu’est Slaughter On First Avenue. Je l’ai dit, l’introduction sur “I See Through You” est un véritable blast . La pesante marche de “Death Doors” vient sceller le premier tiers de l’album avant que “”Shockwave City” ne relance la machine qui continue sur sa lancée jusqu’à “Dead Eyes Of London”. Puis à nouveau “Pusher Man” imprime son pas lourd et lent s’imbriquent avec “Ritual Knife”, “Slow Death” et “Crystal Spider” pour un long moment de calme relatif avant qu’à nouveau l’envolée ne se produise sur “Blood Runner”. Les quatre derniers titres respectent cette logique de montagnes russes rythmiques avec un “I’ll Cut You Down” inséré entre “Desert Ceremony” et “No Return”. Arrêtons-nous d’ailleurs un instant sur ce titre qui fait la parfaite conclusion de l’album, un “I’ll Cut You Down” comme pour un titre d’au revoir, où on lâche les coups de nuque et on tape du pied, oui ceux présent à Minneapolis devaient bien sauter partout au rythme de cette ode au plus célèbre des slashers londonien. “No Return” sonne enfin comme un rappel et une conclusion classique des sets ici enregistrés.
Côté production, le boulot est rudement bien fait, alors que bien souvent en live le son peut paraître écrasé par la batterie et les subtilités de la basse noyée dans un tout, on retrouve bien chaque frappe du batteur ainsi que les lignes du bassiste faisant notamment du groove de “Death’s Doors” une pure réussite. Comme évoqué plus haut, les cris du public sont perceptibles, si les applaudissements à fin des titre ont été majoritairement diminués au montage, ressort régulièrement un cri d’approbation ou d’encouragement issu du public en particulier quand Kevin Starrs s’adresse à lui notamment à la fin de “I’ll Cut You Down” pour tout en chantant il lui demande de baisser les téléphones (Uncle Acid déteste ça) donnant ainsi une idée de ce que pouvait être le mur de lumières blafardes éclairant le public. De fait, le déroulé de l’album ne s’en trouve pas contrarié et ajoute juste ce qu’il faut pour participer à l’ambiance du projet, glas sonnant et acclamation du public en fin d’album compris.
Pour qui a déjà vécu un set de Uncle Acid, on ressort de l’audition de Slaughter On First Avenue avec les images rouges et noires d’un concert où les fantomatiques britanniques évoluent dans le contrejour des flashs dus aux projections en fond de scène. Pour les autres on aura affaire à un subtile Best Of qui gagne en nervosité par rapport à l’enregistrement studio. Probablement la pièce indispensable pour qui devrait garnir sa discothèque d’un seul album du groupe.
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