Upper Wilds est le groupe-projet du multi-instrumentiste Dan Friel (musicien new yorkais sur-productif, ayant fait ses armes dans diverses strates de la scène underground de Brooklyn), qui se fait épauler de deux discrets drilles pour dessiner les contours d’un trio. Venus, qui fait suite à Mars (2018) est en gros le troisième disque du trio, et il mérite à plus d’un titre une écoute curieuse et attentive… voire plus si affinités !
Friel n’est pas qu’un guitariste-compositeur, il est aussi un bidouilleur, de sons en particulier. Les sons produits sur le disque sonnent effectivement bien barrés, et c’est grâce à des vidéos du bonhomme qu’on comprend un peu plus d’où sortent ces sortes de gargarismes guitaristiques bien particuliers, sorte de kazoo de la six-cordes (!!).
Passées ces considérations somme toute assez accessoires, vient le temps de se pencher sur le disque en lui-même – une galette atypique à coup sûr. Mieux vaut déjà ne pas chercher à classifier le genre musical pratiqué, un exercice de style en soi : s’y retrouvent dans une danse orgiaque pèle-mêle une sorte de boogie rock fuzzé boosté au kraut rock psyche, chargé aux envolées space rock, le tout enrobé avec une sacrée énergie. C’est d’ailleurs cette dernière qui emporte en premier l’auditeur (voir l’ultra-boosté “Love Song #2”, qui carbure au fuzz amphétaminé, ou le frénétique “Love Song #6” – oui, soit dit en passant, les gars ne s’embêtent pas à trouver des titres aux chansons et proposent rien moins que dix “Love Songs”). Amis du mid-tempo, passez votre chemin. Bref, imaginez une partie de Mölkki visionnée en mode “avance rapide” sur un vieux VHS, où s’affrontent Devo, Andrew WK (!), Hawkwind, les Truckfighters… Oui ? Bon, non, finalement vous êtes encore loin du compte.
Venus est un disque-expérience remarquable d’efficacité, un disque qui va au delà de la curiosité. Si vous arrivez à vous frayer un chemin dans ce fouillis musical, vous êtes susceptible d’y prendre un sacré pied.
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