Deux ans que la dodge nous attend ici. Dans la pénombre du couloir qui nous mène à elle se dessine sa silhouette à la lumière du soleil passant sous la porte du garage. Les pilotes sont déjà installés, le duo (qui œuvre en trio) Valley of the Sun n’a plus qu’à lancer le moteur. Quelques cliquetis se font entendre et enfin la bête est lâchée sur la piste. “Eternal Forever” permet à la mécanique de se mettre en branle sereinement, le riff est bien huilé. Quelques tours de groove rutilant suffisent à rôder les nouvelles pièces. A l’image de la pochette l’aiguille du compteur est déjà dans le rouge, on ne conduit pas avec les petits doigts ici. La prise est ferme dans les breaks et la dodge démontre toute sa reprise et sa souplesse au détour de l’imparable refrain. La gomme des pneus marque le bitume du matraquage incessant de la batterie, le circuit gardera des traces du passage de la dodge… il est temps de s’échapper. “BTV” nous enfonce dans des routes plus sablonneuses. Sur cette longue autoroute traversant le désert, le lick de guitare double les trucks(fighters?) à leur propre jeu. Redoutable dans chaque virage que prennent les morceaux, les solos nous collent au cuir des fauteuils.
Mais Valley of the Sun n’est pas revenu de son excellent précédent album, au volant du même engin, pour emprunter des chemins identiques. “Speaketh” s’engouffre sur un terrain plus lourd. Conduite plus appuyée, le vrai potentiel de la dodge se fait sentir pleinement. D’une qualité constante, ces nouveaux horizons font vrombir la carlingue à l’unisson dans ce mid-tempo puissant. “Land of Fools” finira pas mettre tout le monde d’accord. Si les paysages traversés ont été déjà vus (et revus), c’est avec une classe certaine, que les américains nous mènent. Ici encore les suiveurs n’auront que l’émanation des gaz d’échappements de riff/groove/efficacité dans leurs narines pour pleurer. Avec Volume Rock, Valley of the Sun va plus loin, plus vite et sans accroche.
Si la musique ronronne sévère, le chant propulse l’ensemble au delà d’une énième odyssée rock. “Breathe the Earth” ralentit un peu plus la cadence. Sur sable mouillée, les couches de grattes évitent tout enlisement. 2min24 d’un rock conduit toutes fenêtres ouvertes, “The Hunt” permet de lâcher les chevaux. Si dans ces moments d’accélération le groupe démontre un savoir faire tout assumé, il fait néanmoins plus mouche quand il lève le pied et joue plus sur la richesse de sa conduite plutôt que sur sa nervosité. “Wants and Needs” nous mène toujours plus loin dans ces horizons fait de fuzz, de rock, de grunge. Impression confirmée avec “Tour”, splendide de rouille toute soundgardienne. La dodge avale les kilomètres comme d’autres avalent les hot-dogs. Ca glisse, sans sourciller, et à ce petit concours Valley of the Sun vient de remporter un nouveau titre.
On pourrait craindre la panne sèche, le souci technique, à ce niveau de notre périple. Mais la dodge a été bichonnée, préparée, tunnée, pour ses routes sinueuses et variées. Porté par une production impeccable et avec au volant deux instrumentistes (et vocaliste) de talent, l’album défile à toute vitesse. “Noodle” en est encore un exemple flagrant. Ce même mélange parfait avec les mêmes ingrédients qu’Unida mais avec un vrai avenir devant eux. “Solstice” ne signifie le retour au garage que pour peu de temps, tellement une fois arrêté on n’a qu’une envie: repartir en virée avec ces gars là au volant de cette voiture là. Ne cherchez plus un concessionnaire de Rock digne de ce nom, il est tout trouvé avec Valley of the Sun.
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