Chris Cockrell aurait pu devenir célèbre. Chris Cockrell aurait pu enregistrer des albums de légende et être vénéré comme une icône intouchable. Mais pour d’obscures raisons, Chris Cockrell est jusqu’à présent resté dans les tréfonds de l’histoire du rock. Le grand oublié, le mec qui n’a pas eu de chance.
Afin de conjurer le sort, il a pris un pseudonyme qui sonnait bien, il a rameuté ses vieux potes et il a rapidement torché quelques morceaux de bon vieux rock’n’roll. Sa galette sous le bras, il s’en est allé démarcher quelques labels susceptibles de produire son album. Ils ont prêté beaucoup d’attention à sa musique mais lui ont finalement tous opposés un refus poli mais ferme.
Devant tant d’injustice, l’ami Brant, dans un élan de générosité dont il a le secret, lui a dit un truc du genre : « Ok, on va le sortir sur mon label ce foutu album. Et tant qu’on y est, je t’emmène écumer les clubs de la côte Ouest. Ensuite, on attaque l’Europe, là-bas ils savent apprécier la bonne musique ».
Décidé à mettre toutes les chances de son côté, Chris a profité de l’avance de Duna pour offrir de beaux costards à ses musiciens, histoire de bien présenté sur les photos.
Et la musique dans tout çà ?
Vic du Monte’s Idiot Prayer ne fait pas dans le subtil ou le révolutionnaire. 11 morceaux expédiés en 28 minutes, pas de place pour le superflu.
Dès les premières secondes, on est fixé. Son de guitare un peu cradingue, claviers rétro, voix usée par la cigarette et le mauvais whisky. Les riffs sont d’une efficacité redoutable tellement ils sont simples.
Après deux morceaux, des images commencent à défiler, on s’imagine roulant à tombeaux ouverts au milieu du désert. Cà sent la poussière, la crasse et la sueur. Le genre de truc qu’écriraient les Hellacopters après une tournée des pires bouges du Mexique. On imagine d’ailleurs bien le groupe sur la scène du Titty Twister, prêt à en découdre avec la racaille à la moindre occasion.
Casablanca nous entraîne un peu plus vers le sud, çà devient moite et le tempo ralentit. Mais ce n’est qu’une courte pause avant que Chris ne recommence à mouliner sec sur Company Man. On commence à être séduit par sa façon de cracher ses paroles en y mettant toute sa hargne et son désespoir.
Avec Death & Man, çà devient carrément malsain. Le groupe fait lentement monté la pression, joue avec nos nerfs avant de retourner ramper dans l’obscurité. La libération ne viendra qu’avec le morceau suivant et sa rythmique hachée.
Après une petite pause country (County Cage) qu’Ennio Morricone n’aurait pas renié, on termine le trip pied au plancher avec Connely 7 et Teen Baby.
Si vous espérez trouver un quelconque lien avec Kyuss, passez votre chemin. Si par contre vous aimez le rock un peu gras et que vous voulez soutenir Duna, achetez cet album !
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