Volume est un groupe stoner fuzzé californien, contemporain des Fu Manchu et autres combos fuzzés évoluant entre acid rock et space rock, à une époque et dans une région où vagues épiques et volutes hypnotiques se mêlaient généreusement. En réalité quasi one-man band, Volume n’a en réalité jamais émergé comme un grand groupe, ni même un groupe culte, et son frontman Patrick Brink (qui fut un temps vocaliste volatile pour Fu Manchu – dont le batteur Scott Reeder officie ici derrière les fûts… vous suivez ?) n’a jamais rebondi dans sa carrière musicale.
Ce Requesting Permission to Land, décrit comme un EP (5 titres pour 33 minutes, certains ne s’embarasseraient pas pour considérer cela comme un LP…) est le (vieux) fruit d’un groupe décédé depuis longtemps, le disque étant originellement sorti il y a plus de vingt ans sur un obscur label australien, uniquement en CD. C’est à l’occasion d’un vingtième anniversaire (que – soyons honnête – personne n’attendait vraiment) que Volume voit l’occasion de ressortir ce disque en vinyle, s’appuyant sur rien moins que… cinq labels complémentaires !
Les premières écoutes transmettent avant tout cette sensation de musique un peu surannée : même si le culte Jack Endino s’est chargé du re-mastering, les bandes sonnent comme des vieilles démos, et le son ne prend jamais l’ampleur qu’il mérite. Ça manque de puissance, c’est noyé dans une fuzz un peu sale et lointaine et ça sonne comme si ça avait été enregistré dans la cabine de douche d’une hôtel Formule 1. Dommage.
Musicalement, on comprend aussi un peu pourquoi le groupe n’a jamais vraiment émergé après ça : il y a beaucoup d’excellentes choses sur ces cinq titres, en particulier une poignée de riffs vraiment sympas (très Fu Manchu-esques) et cette énergie punkoïde des premiers groupes du label SST, vraiment fraîche et enthousiasmante. Malheureusement les compos manquent de clarté, et partent trop souvent en vrille, au gré d’un break capillotracté ou d’un “morceau dans le morceau” (voir “Habit”), sorte de poupée russe musicale qui détache l’auditeur plus qu’il ne maintient son intérêt. Ne parlons pas de ces dilutions un peu factices, notamment sous forme d’arrangements parfois un peu grotesques (cf. les délires bruitistes du beaucoup trop long “Headswim”), qui n’ont comme résultat que d’éloigner le groupe de cette tendance des groupes sus-mentionnés à produire des compos simples, efficaces et directes.
Requesting Permission to Land est un témoignage sympathique d’une période bien précise et d’un bassin musical très ciblé (le sud de Los Angeles). Musicalement, Volume était un groupe intéressant, porteur d’innombrables bonnes idées, mais qui aurait eu utilité à travailler son propos dans le temps, développer son style, maturer… Chose qu’il n’a jamais eu le temps de faire.
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