Le quatrième album des canadiens de We Hunt Buffalo, Head Smashed In sort chez Fuzzorama Records ce mois-ci et devait être attendu par les amateurs de Fuzz corsé au delà des limites de Vancouver. Il propose en 43 minutes neuf titres en demi teinte. J’ai retourné l’album dans tous les sens, l’ai trituré au possible pour me faire une idée de son contenu et force est de constater que la direction prise par le groupe est surprenante, voici pourquoi.
Tout ceci commence sous de bons auspices avec un Heavy Low ou un Angler Must Die lourds et entêtants mais par la suite bien que les riffs mid-tempo influencés par le grand frère Truckfighters semblent conduire les compositions dans la droite ligne de ce qui était fait au cours des précédents albums, il faut bien avouer que la puissance n’y est pas égalée. La voix rappelle parfois les composition d’un Red Fang (Mais également l’instrumentale de “Industry Woes” qui fait partie des meilleurs moments de l’album) mais dévie quasi systématiquement, en arrivant souvent à minorer l’impact de la musique. Il s’agit pourtant d’une tentative louable de sortir du chemin tout tracé du Fuzz sauce jalapeño et d’apporter un peu de fraîcheur dans ce monde vite saturé.
Les thèmes bouclés sur eux même conduisent rapidement à la lassitude et les cris de Ryan Forsythe ne suffisent pas à redonner du souffle aux compositions. “Angel Must Die” oscille entre rage et passages plaintifs assez vite. J’ai été pris d’un malaise, d’une sensation de déséquilibre et les morceaux format radiophoniques ne dépassant jamais les 5 minutes n’aident pas à redresser la barre. C’est une furieuse impression de déjà entendu et de lassitude qui s’empare de moi au fil des pistes, “Prophecy Wins” joue le même riff jusqu’à l’écœurement., les effets ne suffisant pas à compenser un morceau sirupeux à la guitare excessive sur basse monomaniaque.
Pour autant il y à quand même de belles initiatives, “Get in the van” dont l’intro donne une furieuse envie de bouger contient ce qui fait le plaisir Fuzz, batterie en cascade, effets de gratte en fond sonore, jeu vif et entraînant débouchant cependant sur des solos trop démonstratifs. Je crois à la reflexion le chant responsable d’une grande partie du déplaisir ressenti. Je ne peux pas dire que ce ne soit pas maîtrisé bien au contraire mais je trouve tout ceci mou et sans profondeur. Une véritable impression de redite tout au long de la plaque. “The Giant Causeway” ou “God Games” forcent cette tendance larmoyante au format entendu. Néanmoins j’enrage! Il serait si facile de dire que cet album n’est complètement pas à la hauteur, mais les sursauts rythmiques et mélodiques attirent l’attention donnant envie de s’y pencher encore et encore afin de s’en convaincre peut être la mayonnaise finira-t-elle par prendre?
Au final Head Smashed In est une galette en trois tiers dont la recette repose sur la frustration de voir We Hunt Buffalo ne pas se maintenir au niveau, proposer des idées entendues mais agréables et d’imposer malgré tout de talentueux passages. Cet album viendra garnir agréablement les sets Lives mais en résumé, je ne sais pas quoi faire de l’objet, alors je vous pose ça là, la meilleure option restant de vous faire votre propre avis après quelques écoutes.
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