Il y a des groupes que l’on ne connaît que « de nom », des références du genre cités au travers d’interviews, de chroniques, de discussions et plus si affinités. Une référence c’est inévitable et en même temps l’offre musicale est tellement dense de nos jours que ces groupes restent dans un petit coin de notre esprit et nous voilà bien incapable d’avoir une once d’idée de ce à quoi ça ressemble exactement. Heureusement pour nous (pour moi), Season of Mist a eu la bonne, que dis-je, l’excellente initiative de faire rentrer dans son giron Weedeater. Dans la maison française depuis 2013, le trio sudiste voit aujourd’hui ses albums ressortir remasterisés et pour la première fois en vinyle s’il vous plaît.
14 ans après sa sortie originale, le premier album de Weedeater, intitulé …And Justice for Y’All, démarre avec grâce et fraicheur (comprendre graisse et lourdeur). On ne s’appelle pas Weedeater pour faire dans le point de croix et on n’appelle pas son album ainsi pour disserter sur le sens de la vie . Ecoutez Weedeater ce n’est pas pénétrer dans un joli trip acidulé, on ne va pas vous compter fleurette dans le creux de l’oreille. Non, on se fait un chemin à travers les marécages et l’herbe on la mange par les racines. Si le premier morceau « Tuesday Night » de son groove suintant se la joue instrumental, l’entrée du chant dans le blues crade de « Monkey Junction » vous cueille par surprise de son profond et vomitif éraillement. Si tu chantes de la même façon chez toi, fais-le face à tes toilettes ou un lendemain de consommation abusive de produits à hauts effets écorcheurs.
Avant d’être aspiré par ce sludge mouvant, le goupe nous assène un direct dans le bide sans transition avec « Free » aux relents hardcore. Premier effort de nos amis de Caroline du Nord avec pour seul ligne conductrice de partager un moment enfumé en bonne compagnie. Les effluves de rock sudiste teintés de blues, grillés au bourbon bon marché nous parviennent au milieu de la moiteur des riffs d’une flagrante efficacité. Sans règle, sans filtre, ça groove, ça swingue, ça rock, ça tabasse, bref en dix morceaux les gars se font plaisir sans prétention. Effectivement ce groupe est inévitable, ça s’enchaine sans faillir et ce trip boueux finira par bourdonner dans votre esprit. Production signée Billy Anderson, ça sonne comme ça devrait toujours sonner, le remastering ne dénature en rien l’œuvre d’origine mais au contraire la sublime, si l’on peut user de ce terme pour ce type de son. Que les mécontents aillent se faire enfumer, les bienheureux eux se délecteront de ces massives volutes. Dixie, Shep et Keith appellent ça weed metal… tout est dit, il n’y a plus qu’à se détendre et à se vriller les tympans.
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