Quand la moitié (rythmique) de Soundgarden décide d’explorer les contrées hallucinogènes et psychés du rock’n’roll des Sixties, le résultat est cette surprenante galette intitulée « Declaration of Conformity ». Attendu de pied ferme depuis la sortie d’un premier morceau en 1993, il aura fallu attendre 4 ans à sa fanbase (comme les aficionados de la Copa Del Mondo de Futbol au Brésil) pour se délecter de ce premier effort de Wellwater Conspiracy, qui outre Ben Shepherd et Matt Cameron, compte dans ses rangs l’excellent ex-Monster Magnet John McBain. A mesure que défilent les 14 titres de cet album, on se rend compte que ce supergroupe (voire culte) qu’est Wellwater Conspiracy ne l’est pas uniquement que sur le papier. Nos gaillards sont là pour envoyer le bois et l’esprit rock façon Beatles et Beach Boys (les frères ennemis de l’époque). Ils auraient d’ailleurs presque pu rajouter un ‘The’ devant leur nom tant l’hommage/la filiation est appuyé(e) (cf la reprise de ‘Nati Bati Ya’ de The Spiders). Quelle claque. Dès le titre d’ouverture, le très inspiré et catchy ‘Sleeveless’ (ce fameux morceau sorti 4 ans plus tôt), on comprend qu’on a entre les oreilles du très très lourd. Le ton est donné : pas de chichis avec Wellwater Conspiracy; le groupe va droit au but (les morceaux n’excèdent pas 3’23 !) et fait mouche 14 fois. Tout respire les sixties chez nos gaillards. Même la fraîcheur et l’innocence de cet autre temps (et du Surf rock) sont au rendez-vous sur un titre comme ‘Sandy’ et son refrain niais à souhait. Entrecoupé par quelques pépites instrumentales (‘Declaration of conformity’, ‘Palomar Observatory’), l’album de Wellwater Conspiracy ravive également la flamme du Floyd (et) de Syd Barett, comme en témoigne la reprise de ‘Lucy Leave’, ou encore ce clin d’oeil évident qu’est ‘Far Side of Your Moon’. Autre surprise, et non des moindres : les vocaux hauts perchés de Ben Shepherd. On connaissait surtout le bassiste de Soundgarden pour sa discrétion dans les rangs des géants de Seatlle (difficile de « crever l’écran » avec un Chris Cornell à ses côtés). On le découvre aujourd’hui comme un talentueux chanteur dont le timbre colle parfaitement à cette musique rétro, comme sur le sublime ‘Trowerchord’ où il excelle et donne le change aux envolées guitaristiques de McBain. Servi par un son digne des plus grandes productions de garage rock, on pourrait presque croire que ce disque est réellement sorti en 1969. Un excellent album donc, intemporel, qui trouvera toujours une occasion de tourner sur votre platine.
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