Le temps se rafraîchit, la sculpture sur citrouille approche, et les maîtres sorciers de Richmond reviennent avec un nouvel album. Maintenant bien installé chez Relapse Records, Windhand sort son quatrième album intitulé « Eternal Return ». Un éternel retour sans conviction et sans saveur, ou un éternel retour fracassant les portes du conformisme avec un grand coup de pied dans les burnes du conventionnel ?
La pochette d’ « Eternal Return » reprend les mêmes codes graphiques que son excellent prédécesseur « Grief’s Infernal Flower » : d’une typo identique, on trouve le nom du groupe au milieu en haut, le nom de l’album juste en dessous, et un dessin aux couleurs usées. Ici, une femme en longue robe rouge se tient à l’orée d’une forêt entourée d’un lac gelé.
Après le succès de « Grief’s Infernal Flower », Windhand a intelligemment décidé de poursuivre dans la même direction. La formule n’a pas changée, les riffs abrutissants et diaboliques (Halcyon, First To Die, Red Cloud, Diablerie…) accompagnent le chant de Dorthia Cottrell, le tout ponctué de solos psychédéliques. Très lent lorsqu’il est doom (Eyeshine), plus entrainant lorsqu’il est psyché, voir grunge, l’ambiance d’un album de Windhand se situe quelque part entre le projet Blair Witch et une soirée Ouija dans une cabane en bois avec des bougies et des amis, ivres et nus.
Comme nous laisse penser la pochette, la femme est mise à l’honneur sur « Eternal Return ». Après s’être essayé à un projet solo acoustique en 2015 (album vivement conseillé), Dorthia prend de plus en plus de place sur chacun des morceaux, et illumine l’album en donnant à Windhand toute sa profondeur. Pour se convaincre de la beauté de la voix de cette femme, écoutez donc la ballade Pilgrim’s Rest. Une voix chaude et caverneuse qui fonctionne aussi bien sans apparat qu’avec l’instrumental sombre et joyeusement lugubre très typique du groupe. Dans les deux cas, la sirène Dorthia nous hypnotise et notre seule envie serait de la rejoindre, au risque de marcher sur cette fine couche de glace et d’y passer au travers.
Le neuvième et dernier morceau d’ « Eternal Return » (et aussi le plus long), Feather, synthétise les capacités de Windhand : respectivement adoucir, émouvoir, inquiéter, et faire peur, enfin. Sans le mettre au dessus ni en dessous de « Grief’s Infernal Flower », on place ce nouvel album au même niveau, et on file écouter l’album solo de Dorthia Cottrell, une des plus belles voix de la scène doom actuelle.
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