Nouveau venu dans le paysage stoner (bien que j’ignore s’il s’en réclame) au sens large, le collectif helvétique, et genevois de surcroît c’est vous dire si on est fier de ce produit, Witch Of Voodoo fait mentir la vieille légende urbaine qui dit que le rock est mort et que la Romandie n’est pas une région rock. Savamment composé par L sonic, qui n’est pas vraiment ce que j’appellerai un rookie puisqu’il écuma toutes les scènes de la région au sens large avec le groupe Redfish dans le temps jadis, et mise en boîte par ses soins avec le concours du maître du Studio des Forces Motrices cette plaque transpire les influences de la scène de Palm Spring par tous les pores.
La production soignée de David Weber met admirablement bien en valeur le travail fourni par l’artisan de cette galette qui se charge des parties vocales, de la basse, des guitares, du Hammond ainsi que du piano et celles de ses complices. Car, excusez du peu, on retrouve Xavier de Virago derrière la batterie, Patrick de Wok sur certaines parties de slide, Manu de Dolly qui pousse la chansonnette sur un titre, Cédric de Hell’s Kitchen à la percu quand il y en a et Pierre des Dead Brothers à l’accordéon voir aux Hammond sur certaines plages.
Attention si cette sortie semble se profiler dans le sillage des Motrice Sessions vu les acteurs principaux et les figurants au générique, il s’agit bel et bien d’une œuvre originale à l’identité propre.
Empreinte d’une chaleur aride qui n’a rien à voir avec le stratus genevois, cette plaque ravira tous les amateurs de QOTSA, Orqueta Del Desierto, des Desert-Sessions ou de Masters Of Reality. Autant dire qu’il y a du potentiel !
On entre dans le vif du sujet avec ‘Gallon Kisses’ un titre assez rapide où les guitares et les claviers s’allient aux rythmiques un peu dans la veine de ‘Go With Flow’, mais avec ce timbre de voix rocailleux en plus ; le groove de ce morceau est terrible et c’est certainement un des meilleurs titres ici proposé. L’exploration continue avec une plage plus bluesy intitulée ‘Come To You’ qui a quelques relents de piano-bar et soigne ses influences par ses incursions de slide. ‘Good Sacrifice’ déboule ensuite avec son couple de vocalistes et toujours cette chaleur dans les compos ; même si elle est assez proche de ce que livre la bande à Josh, cette plage vaut son pesant de cacahuètes ! Avec ‘Shooting Stars’ le, tempo se ralenti et on navigue dans un registre à quelques encablures d’Orquesta sans être dans le sous-Orquesta non plus (qu’on se comprenne bien).
Les gros sons de guitares font leur come-back sur ‘Witches & Holes’ qui a un sympathique arrière-goût de jam désaccordé, même si ce morceau ne me touche pas vraiment. Un moment intimiste suit ; il s’agit de ‘The Last Gift’ qui s’égraine durant environ trois minutes trente dans un registre lancinant presque dépressif. ‘I Can’t Stand Your Mood’ et son rendu western avec vocaux éraillés ne m’émeut guère et je skip un coup. Bonne idée que j’ai pas eu là les copains ! Les grattes électriques sont de nouveau de la partie, ça tourne bien et à nouveau je retrouve ce que j’admire le plus sur cet opus : du bon rock bien envoyé avec intelligence. ‘Blood And Wood’ me botte avec son groove imparable du tout bon avant de retrouver un titre plus lent nommé ‘Rolling Balls’.
On approche de la fin avec ‘Something Past Away’ qui me fait penser à un mélange de dEUS et Earhlings avant que n’entrent en scène les guitares distordues pour un refrain bien débridé. Le hammond lève le voile sur ‘Wrapped Around Your Heart’ avant que ne retentissent quelques cordes tendues et les parties vocales qui évoluent une nouvelle fois dans ce registre sombre, mais terriblement envoûtant. Le baisser de rideau se fait sur un tango désaccordé : ‘Libre’.
Un excellent disque de desert-rock au final que j’ai plaisir à faire tourner sur ma platine.
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