Magnus Pelander a toujours été un cas à part dans l’industrie musicale et Witchcraft a toujours été son bébé, sa créature. Le gars a usé un nombre incalculable de zicos qui ont dû se plier au bon vouloir du bonhomme, n’étant que des faire-valoir tout juste bon à jouer en fermant bien consciencieusement leur gueule avant de se faire jeter (ou de partir, dépités ou lassés). Sauf que le suédois est un génie, le genre de type qui, s’il récitait l’annuaire pendant 4 heures en concert, aurait toujours l’adoubement d’un public dévoué à sa cause. Et cela fait 20 ans que çà dure ! Cette année voit la sortie d’un nouvel album de Witchcraft, sobrement intitulé Black metal et, connaissant l’amour de Pelander pour les contre-pieds et les virages à 180 degrés, on se dit béatement qu’on va avoir droit à un bon gros pavé croustillant, suintant l’incendie d’église et la visite de manoir perdu dans une forêt menaçante. Et comme on s’y attendait, le bonhomme va nous surprendre. Mais cent fois plus…
Car oui, ce nouvel album de Witchcraft est surprenant à plus d’un titre : déjà, il y a cette pochette immaculée, virginale, minimaliste. Dans une frange du rock régie par les artworks qui dégueulent de couleurs pas toujours du meilleur goût, un retour aux fondamentaux est appréciable (souvenez-vous que la plus mythique pochette des Beatles est un monochrome…). Et ce sentiment de minimalisme, il va se poursuivre jusque sur le diamant de votre platine car, en effet, Witchcraft nous a pondu un album… qui ne contient aucun autre instrument qu’une guitare ! Et tenez-vous bien, elle est acoustique, en plus ! Eh oui, Magnus Pelander vous a encore bien eu !
Et encore, vous n’avez rien entendu… Qu’elles soient sublimes complaintes d’une tristesse insondable ou blues incandescents venus tout droit des champs de coton, ces chansons sont taillées pour vous tirer des larmes et vous dresser les poils. Et croyez-moi, la mission est accomplie avec brio ! 7 chansons toutes plus belles les unes que les autres, façonnées à l’os par un artiste sûr de son talent et qui n’a que faire des conventions de l’industrie musicale. Le bonhomme fait ce qu’il veut et ceux qui n’aiment pas n’ont qu’à changer de trottoir. D’ailleurs, au passage, cet album, qui semble avoir été pensé, écrit et réalisé en solo, mérite-t-il l’étiquette « nouvel album de Witchcraft » ? On peut, du coup, légitimement se poser la question de la pérennité de Witchcraft en tant que groupe… Pelander va-t-il continuer dans cette voie, poursuivre dans son exploration musicale au gré de ses envies ? L’avenir nous le dira…
En tout cas, cet album est à prendre comme il a été conçu : comme l’envie d’un musicien d’explorer de nouveaux horizons et de s’écarter des carcans parfois trop restrictifs de l’industrie musicale. En cela, c’est une magnifique ode à la pureté, un vibrant hommage à cet art qui nous fait tant vibrer. A ceux qui voudraient trouver un sens à la démarche, n’y cherchez rien d’autre qu’une énième parenthèse enchantée à une discographie foisonnante et de qualité. Certes, Black metal va en déconcerter plus d’un, c’est évident, mais l’objet en lui-même reste un fascinant poème sans ampli, viscéralement ancré dans l’histoire de la musique enregistrée tout en restant accessible à tous.
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