Déjà, dès sa création en 2016 du côté de Clermont-Ferrand, on prédisait un bel avenir à Witchfinder, pourvoyeur d’un doom sludge de grande classe et capable, par sa seule force de frappe, de réveiller les monts d’Auvergne. Leur premier album éponyme tabassait comme rarement dans l’hexagone et la tournée les réunissant aux côtés de Witchthroat Serpent en 2017 avait conforté nos espérances : Witchfinder sera de ces groupes qui révèleront au monde la qualité de la scène rock française. D’ailleurs, leurs premières parties de Red Fang, Dopethrone, Ufomammut ou Kadavar en témoignent : nos amis auvergnats ont réussi à se faire un nom, écrit bien en gras, voire en lettres de sang.
2019 voit le trio s’engager avec MRS Red Sound, label fondé par les gars de Mars Red Sky, qui s’y connaissent un peu en bonne musique. Bien que leur registre soit assez éloigné du stoner psychédélique contemplatif des girondins, cette signature va permettre à Witchfinder de briguer une plus grande légitimité sur le circuit. Et la sortie cette même année de Hazy rites (l’album sort ces jours-ci en vinyle avec un peu de retard à cause de l’épidémie de Covid-19) va enfoncer le clou à la force du poing, un clou bien rouillé qui vous filerait le tétanos encore plus rapidement que le chlamydia sur le tournage d’un porno. Car oui, la musique de Witchfinder surclasse sans mal la concurrence hexagonale, mais pas que. Les gaillards, costauds comme des bûcherons et barbus comme des vikings, terrasseraient une forêt landaise à mains nues avec leur doom cataclysmique enregistré depuis les profondeurs du monde. On marche sur les traces de Monolord, Electric Wizard, Bongzilla et toute cette clique de joyeux drilles responsable d’un nombre incalculable de viols collectifs d’âmes païennes qui se sont, depuis, converties à la vénération du Malin. Et puis, les garçons se sont donnés la peine d’enregistrer leur album en Pologne, nouvelle terre sainte du doom européen ayant enfanté des enfants de choeur du nom de Spaceslug, Dopelord, Major Kong, Weedpecker ou encore Belzebong.
Méticuleusement, Witchfinder s’immisce dans votre inconscient avec la douceur et la délicatesse d’un semi-remorque sans frein lancé du haut d’un col des Alpes. Cà vibre, çà grésille, çà virevolte et, surtout, çà vous remue les tripes sans ménagement. C’est simple : du début (le ténébreux « Ouija ») à « Satan’s haze » (qui rougit les amplis et votre petit cul flasque en dix minutes éprouvantes mais grisantes) en passant par « Wild trippin’ » (quelle intro de basse!), l’auditeur est convié à une messe noire totalement maîtrisée de bout en bout. Hazy rites, mystique et planant, ésotérique et satanique, mélancolique et ténébreux, possède la classe charbonneuse d’un grand album de doom, tout simplement. Et cela, même si les éternels râleurs trouveront cet album trop redondant et crieront au plagiat des groupes cités plus haut. En même temps, dans un genre régi par des codes bien définis (à savoir : rythmique lancinante, accords tenant sur les doigts d’une main et voix plaintive et lointaine), difficile de s’écarter du chemin balisé depuis des décennies…
Tout est réuni pour faire de Witchfinder le futur étendard d’un genre qui, s’il peine à se renouveler au fil du temps, continue à nous éblouir par la grâce de sa lumière noire, blafarde et caverneuse. Car oui, même s’ils n’ont pas (encore) la classe, la carrière et la légitimité internationale d’un Black Sabbath, d’un Saint-Vitus ou d’un Electric Wizard, Witchfinder s’apprête à graver son nom sur les tables de loi du doom. Rien de moins. Et cela, grâce à ce Hazy rites, l’un des meilleurs albums doom de ces dernières années.
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Un peu de retard pour la chronique. :-)