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Wo Fat – Midnight Cometh

Est-il encore nécessaire de présenter Wo Fat, les chantres d’un groove-southern-rock aussi heavy que psychédélique ? Aujourd’hui 6 albums au compteur (on ne tiendra pas compte des splits et lives) et toujours cette même aisance dans un style que le groupe aujourd’hui représente à la perfection. Dans la parfaite continuité de Black Code et The Conjuring, Midnight Cometh ancre plus profondément encore la main-mise de Wo Fat sur la susbstantifique moelle du stoner. Tous les codes du style – qui porte un nom uniquement pour justifier une classification hâtive d’une scène plus riche que son étiquette n’indique – se retrouvent avec ces petits gars là. Longues plages instrumentales, du lent, du rapide, du fuzz, du groove et tutti quanti, l’album est plus exhaustif que cette liste. Mais depuis 3 albums maintenant le groupe va plus loin que juste rassembler toutes ses idées, ses plans, ses jams : ils ont maîtrisé la pierre philosophale qui transforme l’excellence en hit.

Redoutable à chaque détour de riff, efficace dans chaque placement rythmique, l’aisance texane dépasse l’entendement du quidam de passage. Aussi prenants que riches les 6 titres qui émaillent ce nouvel opus frisent l’indécence. Chaque écoute permettant de relever le degré d’affinage qu’arrive à proposer les maîtres crémiers Stump et Walter. Les deux faisant la paire, on ne peut que rester admiratif devant la constante progression en terme de composition (on ne saurait remettre en question leurs talents d’instrumentistes). Un nouveau palier est atteint aujourd’hui en ce sens. Les jams s’intégrant sans sourciller au sein de passages aux constructions plus classiques, les morceaux déroulent chacun inlassablement des moments de bravoure et de jouissance. Tant et si bien qu’avec des compteurs flirtant toujours au delà des standards, quelque soit la longueur, le temps est suspendu. Les minutes paraissent secondes et bien trop vite passent les 48 minutes de Midnight Cometh. D’une régularité presque métronomique dans ses sorties d’album, le pilier à deux têtes ne s’endort donc pas sur ses lauriers, offrant un panel houblonné de ce que le rock a de plus précieux : son esprit.

Wo Fat suinte le rock. En voilà encore qui n’ont pas bien écouté leurs mamans et qui ont préféré, aux cinq fruits et légumes recommandés, prendre des tartines de groovela et des bouillons d’orge brassé. Que ce soit pied au plancher avec le velu “Riffborn” ou dans ses ondulances massives avec “There’s something sinister in the Wind”, le trio (oui parce qu’il y a bien une basse dans l’histoire) déboite les nuques aussi facilement qu’il développe une accointance avec nos pieds désormais guinchant frénétiquement. Sachant se faire plus aérien et posé sur le mid-tempo de “Of Smoke and Fog”, osant les percusions vaudou sur “Three minutes to midnight”, Wo Fat invoque les esprits décharnés de la nuit pour venir jouir comme de leur vivant de la beauté d’une mélodie, d’un solo, d’une voix justement en retrait, d’un break au feeling outrageusement sensuel de complicité.

En un mot comme en cent, l’usine à riffs bat son plein. Et sans prendre des airs de donneurs de leçon, Wo Fat renvoie à leurs études nombre de suiveurs. Une pièce d’orfèvrerie avec du groove addictif  comme sur “Le Dilemme de Detenu”, du final délié/maîtrisé sur “Nightcomer”, le tout dans une ambiance et dans une tension tenues et maintenues de bout en bout. Plus qu’une valeur sûre ce Midnight Cometh est une gourmandise de luxe supplémentaire à la pièce montée qu’est l’œuvre des texans.

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