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Wolvennest – Procession

Cinquième album déjà pour le sextet belge (belgo-français pour être précis ?), voilà qui confirme leur installation dans le long terme. Ils changent en revanche de crèmerie, s’associant au label compatriote Consouling Sounds pour ce nouveau LP. Son line-up évolue aussi un peu, avec l’adjonction d’un nouveau bassiste, VaathV, sans fracas, car ami du groupe de longue date.

La formation a toujours évolué dans une frange stylistique assez large qui, si elle emprunte au doom, pioche aussi à de nombreux râteliers, qui ont la lenteur et l’occulte en commun : metal atmo, post rock, black… Tout se fond dans leur musique, qui la rend conséquemment généralement pertinente pour un doomster un peu avisé et ouvert d’esprit. C’est avec cet esprit grand ouvert que l’on aborde cette nouvelle offrande.

Dans l’intention, ce disque ne diffère pas des propositions précédentes du combo, se positionnant toujours dans des chemins de traverse des genres susmentionnés, empruntant ici ou là les approches qui lui apparaissent pertinentes, sans se prendre la tête avec un carcan quelconque. On trouve donc beaucoup de choses dans ce nouveau disque, du doom atmosphérique (« Purple Poison », « Damnation »), des influences ethniques/ritualistiques (« Things that Breathe are Death », « Tarantism »…), de la folk U.S. (lointains échos des titres les plus sombres de Ry Cooder sur « Burial » et son jeu de slide) et même des influences new wave (ici ou là sur « The Shadow on your Side » par exemple, un titre très accrocheur, avec sa prod ample, son jeu de batterie brut de décoffrage, ses fonds de Theremin…).

Plusieurs titres émergent au fil des écoutes comme des points névralgiques du disque, des chansons auxquelles on s’accroche plus que d’autres, à l’image du single « Décharné » (en français dans le texte, oui), « Hunters » (son chant presque growlé) ou bien « Another Nail » avec sa batterie quasi martiale et son refrain mélodique.

Avec onze titres et 1h15 de musique (!!) il est toutefois difficile de digérer complètement cette belle pièce. Cette taille, colossale dans le monde musical actuel, faisant fi de nos désormais réduites capacités cérébrales (formatés que l’on est à ces productions répondant aux mêmes cahiers des charges), rend malheureusement ardu l’attachement à l’objet dans sa totalité, et il est difficile d’en faire émerger une vision globale. C’est d’autant plus le cas quand le disque balaye un spectre musical aussi large. Etouffant… mais jamais écœurant toutefois ! Les écoutes successives ne sont donc pas ennuyeuses, mais le spectre d’attention nécessaire est difficile à mobiliser sur une telle densité.

De manière subjective, on aurait donc probablement apprécié un disque plus resserré, plus sélectif dans ses compos, pour une efficacité plus immédiate. Mais est-ce que ce n’est pas aussi l’ambition du groupe, un niveau d’exigence qu’il attend de ses auditeurs, pour en quelque sorte « mériter » les fruits des écoutes du disque ? C’est bien possible – dans un monde de l’immédiateté, Wolvennest n’aurait de toute façon pas sa place. Un disque qui se mérite, donc, et qui n’est probablement pas à recommander aux amateurs de musique plus « directe ».

 


 

Note de Desert-Rock
   (7.5/10)

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