La (assez) jeune formation originaire de l’artistiquement fort prolifique Dresde se rappelle à notre bon souvenir avec sa troisième production en moins de six ans d’activité. En effet, ce « Reap The Storm » fait suite à un – forcément – premier court et à un premier long format sorti il y a moins de deux piges. Si les rockeurs germaniques qui puisent leur inspiration dans le rock des seventies sont légion, ce quatuor se distingue de ses pairs en développant une personnalité des plus affirmée dans sa démarche créative hors des sentiers battus. Cette approche ainsi que le charisme de la front-pépée ont permis aux Allemands de se retrouver à l’affiche des gros raouts stoner ces dernières années et ils ont à tous les coups trouver leur public (nous avions déjà conseiller aux hippies qui nous suivent de s’intéresser à ce groupe). Si la charmante Francis Tobolsky et sa flûte sont à elles seules une bonne manière de se distinguer du reste de la scène, l’intérêt pour Wucan ne saurait se résumer au minois de cet être hybride entre Janis Joplin et Ian Anderson.
Les teutons pratiquent un krautrock hyper vintage qui tape tantôt dans le jam psychédélique alambiqué (où les plans ésotériques m’échappent quelque peu) tantôt dans le bon vieux hard rock des temps jadis et certains riffs ont carrément la classe du grand Maiden d’antan. En optant pour la langue de Goethe pour certains de ses titres nouveaux et en tapant dans un registre résolument non compatible avec la bande FM et ses déclinaisons virtuelles, Wucan n’emprunte pas forcément le chemin le plus aisé pour capter des auditeurs, mais ils proposent une plaque psyché de grande classe pour qui saura prendre le temps de s’y plonger en ne se contentant pas d’une seule écoute distraite pour accompagner la réalisation de ses nouveaux niveaux de Candy Cruche.
Il faut donc se verser un bon gros verre de sa boisson préférée et envoyer le son au volume qui va bien tout en regardant bien l’intérieur de ses paupières pour déguster convenablement la suite épique de « Sow The Wind » qui se décline en huit titres très homogènes sauf pour ce qui est de leur durée. Les ambiances déployées et la montée en puissance des digressions psychédélique – avec aussi des textes en français siouplé – saura envouter n’importe quel amateur de rock qui fleure bon les années septante. « The Rat Catcher » – qui a été sélectionné comme vidéo pour teaser les fans – ou « I’m Gonna Leave You » pourraient être une manière facile de se faire une idée au sujet de cette pièce en raison de leurs formats assez standard tournant autour des 5 minutes, mais ce serait couillon de ne pas prendre le temps d’aller se perdre dans les deux derniers titres : « Aging Ten Years In Two Seconds » (21 minutes) et « Cosmic Guilt » (18 minutes) qui sont de véritables réussites du genre ne lassant pas malgré leur format colossal !
Un disque pas facile à appréhender qui laissera les plus lourds d’entre vous (et je sais de quoi je cause) septiques, mais qui fera assurément le bonheur des amateurs de sensations d’un autre âge qui hantent les fests stoner avec leurs pattes d’eph, leurs patchs faisant l’apologie de la paix ainsi que de l’amour ou leurs décorations capillaires à la Björn Borg !
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