Voilà l’exemple type de la plaque qui provoque une grosse turgescence aux inconditionnels du desert rock en provenance directe de son berceau originel californien rien qu’en lisant le blaze des types qui ont engendré cette plaque ! Vous voulez des noms ? Gary Arce à la gratte, Mario Lalli qui vient filer un coup de main sur un titre et Scott Reeder sur un autre. Excusez du peu, mais c’est le genre de pedigree qui rigole pas.
Mais cette nouvelle formation ne s’arrête pas à ça puisque Yawning Sons est un peu la fusion de deux entités actives de part et d’autre de l’Océan Atlantique avec à ma droite une portion de Yawning Man et à ma gauche l’intégralité du combo britannique Sons Of Alpha Centauri. Alors là j’imagine déjà les sourires narquois qui naissent sur le visage de certains lecteurs qui se disent que Gary Arce nous enfile son nouveau délire après Yawning Man et Ten East qui faisait aussi pas mal le job sur le papier et qui les a laissé sur leur faim à l’écoute de leurs galettes respectives.
Et bien rassurez-vous braves gens ! J’avais à peu près la même appréhension en abordant ce nouveau phénomène stoner très orienté vers l’instrumental. Appréhension qui s’est rapidement estompée à l’écoute de ce skeud qui ne se résume pas à la nouvelle escroquerie du guitariste étasunien. Bon, autant l’avouer de suite : ‘Ceremony To The Sunset’ n’est pas l’album de l’année, mais c’est une production qui dépasse de la tête et des épaules ‘Extraterrestrial Highway’ et ‘Rock Formations’ !
Les ambiances chaudes et désertiques prennent rapidement le pas sur les plans slide influencés par Dick Dale dont ‘Tomahawk Watercress’ et ‘Wetlands’ sont les seul représentants parmi les sept nouvelles compositions alignées sur ce premier effort. Ces plages qui sentent un peu le réchauffé de la part d’un des gratteux de la bande ont néanmoins le mérite d’être spécialement bien foutue pour des morceaux de ce registre (ce qui n’a pas toujours été le cas si l’on considère la discographie de certains des artistes ayant collaboré à cet album, mais on ne va pas trop s’étendre non plus et on va passer aux choses positives que recèle ce cd).
En ouverture, les Yawning juniors balancent leur titre le plus long : ‘Ghostship, Deadwater’ qui est constitué de plus de huit minutes de guitares aériennes et presque lancinantes soutenues par une rythmique au tempo ralenti qui sont mixées de manière à laisser les parties vocales s’insérer avec maestria sur la seconde partie du titre. Ce petit plus vocal atmosphérique amène une dynamique fort agréable à l’écoute et il brise un peu le style déjà-vu au rayon instrumental. Ça commence vraiment bien me dis-je à moi-même ! Ensuite on se tape dans la foulée les deux titres qui se rapprochent des Yawning seniors avant que ces grosses pointures de la scène stoner balancent à mi-disque un ovni à base de nappes synthétiques qui fait bien le job dans le style interlude post tout.
Passé les presque trois minutes de plan aérien, la formation sort de ses tiroirs Le Titre de l’album : ‘Meadows’ sur lequel Mario vient pousser la chansonnette et c’est le délire ou presque sur ma platine. C’est plein de volutes, on croirait Orquesta Del Desierto ! Après cette excellente surprise on embraye sur ‘Garden Sessions III’ qui mixe les influences seventies et les rythmiques tribales au son du désert et aux plans des Pink Floyd qui datent (pas les récents efforts sous forme de trio). Un peu déconcertant à la première approche, cette plage convainc assez rapidement avec les vocaux de Scott Reeder et les roulements de bongos ; ça doit être ça le talent.
Pour finir, ‘Japanese Garden’ explore un univers à base de sonorités nippones et de slides. Très vite entêtante dans le bon sens du terme, cette expérimentation novatrice est à l’image de cet album qui est bourré de qualités sur le plan musical et qui prouve que ceux dont les narquois se sont ris en abordant cette chronique sont capables de renouveler un style qu’ils avaient déjà éprouvés par le passé avec brio.
Les inconditionnels des formations citées plus haut peuvent y aller les yeux fermés et les autres se dispenseront en ces temps de crise où un sous est un sous ! Pour ceux qui se donneront la peine de claquer quelques thunes gagnées à la sueur de leurs fronts, il y aura le plaisir de humer l’entêtant encre d’imprimerie qui a permit la confection d’un livret de qualité regroupant des photos soignées des géniteurs de cette production dont le côté pas bourrin de moi-même attend la suite !
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