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Yob – Our Raw Heart

Yob est un des plus grands groupes de metal de l’histoire à mes yeux, l’un des tout meilleurs. De ceux que je range dans la catégorie « metal total » qui de par leur son et leur qualité dépassent l’idée même d’étiquette. Doom ? Yob. Tout simplement. Dans sa discographie, il m’est jusqu’alors impossible de trouver un seul titre qualifiable ne serait-ce que de moyen. Alors bien sûr The Elaboration of Carbon se cherchait encore un peu stylistiquement, bien sûr Atma est un album vers lequel on revient moins que les autres, mais pour moi pas une seule minute de ce monolithe éthéré qu’est la discographie du groupe ne peut être qualifié de dispensable.

Une carrière qui aurait pu prendre fin en novembre 2016, lorsque Mike Scheidt, voix, guitare et âme de Yob se voit diagnostiquer une infection permanente des intestins (diverticulite du sigmoïde) qui aurait basiquement pu le laisser sur le carreau. Après de longues semaines d’hospitalisation, Scheidt a pu reprendre le cours de sa vie et de sa musique, évidemment influencée par ce par quoi il est passé. Se relever d’un tel moment de douleur et d’incertitude a forcément influé sur la composition (il retient de cette expérience, outre l’évidente peur de mourir, qu’il a passé 6 semaines à être trop faible pour faire de la guitare) et comme souvent lorsqu’un disque post traumatique est publié (Metallica, Baroness pour ne citer que des évidents), Our Raw Heart charrie son lot de difficultés.

Les premières écoutes de la 8ème livraison de Yob ont été terriblement déceptives. Quoique traversé par tout ce qui fait l’identité du groupe, il manque cruellement de subtilité. « Ablaze » par exemple attaque pied au plancher, avec la rage d’un survivant (là où le sage aurait pris le temps de développer) mais est submergé par la mélancolie par un ton plaintif dont le relief tarde à se dessiner. Et l’affaire ne s’arrange pas avec « The Screen », le morceau censément le plus prenant de l’album, jouant sur une corde que « Burning The Altar » (The Great Cessation/2009) avait déjà si brillamment shreddée. De l’aveu même de Scheidt, le riff est inspiré de Morbid Angel période Gateways To Annihilation – sauf que le premier néophyte venu peut s’en apercevoir. Si l’idée de ce riff lourd et rampant est absolument géniale, si la frustration de ne jamais voir le morceau décoller est une astuce merveilleuse gardant la tension de l’auditeur durant près de 10 minutes, l’ornement vocal laisse une fois de plus à désirer.

Mike Scheidt lèche toujours ses blessures – et nul homme ne peut le lui reprocher – mais tout cela manque de growls abyssaux et de variations vocales (de celles qui ont amené le net à inventer la folle rumeur que Scheidt chante parfois sous hélium…) que l’on a si souvent révérés. Le reste de l’album passe et laisse ce même goût étrange de catharsis (le mot, pas l’album) musicale parfois puissante, souvent touchante (« Beauty in Falling Leave »), malheureusement rarement grandiose. Et pourtant le grandiose avait, jusqu’à présent été la norme chez Yob.

Our Raw Heart est de ces albums qui pansent les plaies de son créateur en nous laissant par là même à la porte de ses sensations. Il serait tout de même sacrément égoïste de lui en tenir trop rigueur.

Prenons ce qu’il y a à prendre et attendons patiemment la suite.

Bonne guérison Mike. Bonne guérison.

Note de Desert-Rock
   (7/10)

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