UP IN SMOKE Festival – Jour 2 (Amenra, Mantar, Dopelord…) – 04/10/2019 – Z7 (Pratteln, Suisse)

Oui vous lisez bien, le titre de cette chronique dit « Jour 2″… « Mais il est passé où, le jour 1 ?? » vous demandez-vous, légitimement (et probablement au bord de la panique)… Pour des basses questions logistiques, votre serviteur ne put rallier la belle région bâloise pour le 1er jour du festival cette année, première fois où l’organisation a choisi de passer le format de deux jours traditionnellement à trois jours ! Pas un drame : on pourra assister à deux pleines journées de festival quand même… et quelles journées, vous allez voir !

 

E-L-R

On regagne donc le Z7 alors que le complexe se remplit déjà. Les copains nous racontent les concerts de la veille (aucune prestation décevante apparemment, y’avait du haut niveau…) et la journée commence avec E-L-R sur la scène latérale. Une scène latérale désormais partie intégrante du dispositif, d’une très grosse capacité (quasiment autant que la scène principale intérieure), à l’extérieur mais protégée par un barnum géant, et à la sonorisation impeccable. Les trois membres du groupe qui prennent la scène dans un décor un peu floral vont vite nous en apporter la confirmation. Les deux musiciens qui empoignent leurs instruments sur le devant de la scène se dotent d’une mine taciturne qui fait probablement partie du « package » musical pratiqué, le trio déroulant une sorte de doom metal atmosphérique se frottant au dark/post metal par moments. Le tout n’est pas sans intérêt, et peut rappeler par moments des groupes comme Subrosa (R.I.P.), la part pseudo-symphonique en moins (même si E-L-R recourt à quelques bandes et samples pour apporter un peu plus de densité que celle produite par leurs seuls instruments). Le chant est rare et l’atmosphère lourde prime, à l’image de l’attitude scénique des protagonistes, sans un sourire et quasiment sans une parole à destination de leur public. Ils quittent la scène là aussi sans l’ombre d’une quelconque célébration (un sourire, un « coucou », un salut de la main, un cœur avec les doigts… rien !) au bout de quarante minutes qui auront finalement pas mal convaincu un public qui a fait une belle découverte.

 


NO MUTE

On avait déjà vu No Mute dans ce même festival en 2014, on les retrouve un peu comme on les avait laissés, avec néanmoins un second album sous le bras. Est-ce que ça justifie une place sur la main stage ? Comme on le verra au fil du week-end, il n’y a pas vraiment de « hiérarchie » entre les deux scènes, la scène latérale ayant une contenance presque équivalente… Toujours est-il que les suisses, que l’on voit peu tourner (ou faire quoi que ce soit d’ailleurs) se démènent avec leur heavy rock énervé, devant un public assez épars, et plus poli qu’excité pour tout dire. Mais sur scène ça joue avec sérieux et énergie, le chanteur crie beaucoup, le guitariste est enragé… Ils ne ménagent pas leur peine, et c’est tout à leur honneur, mais ça ne suffit pas à faire entrer ce concert dans la postérité.


HATHORS

Dans la série des groupes suisses « on est un peu obligé, on est en Suisse quand même », voici maintenant Hathors. Le trio de Winterthur laissera une impression modérée sur le public encore un peu vasouillard. Leur heavy rock vaguement indé / grunge trouve difficilement sa place sur cette affiche, et même si leur énergie et leurs gros riffs font le job, associés à une interprétation solide, on ne tient pas encore le concert du jour…


THE GREAT MACHINE

Vous avez dit « concert du jour » ? Là on tient peut-être un bon challenger. On avait vu le trio israélien mettre le feu sur le toit du bateau du Desertfest Berlin, on s’attendait donc à prendre une claque. Ce ne fut donc pas une surprise : claque il y eut ! Les bonhommes déboulent sur scène remontés à bloc : perpétuellement en mouvements, les gars sont taillés pour la scène. Leur jeu n’en pâtit jamais, ça joue et ça joue bien (on a rarement droit à pareil jeu de basse dans les groupes stoner). les gars montent sur les retours, les amplis (spéciale dédicace à Aviran qui saute depuis le dessus de sa tête d’ampli… et se casse la gueule ! Mais finit de jouer…). Leur stoner énervé fait penser à l’enfant étrange de Kyuss et System of a Down, ce qui ne les empêche pas de développer des ambiances plus psyche par moment… Comme on n’en avait pas eu assez de leurs frasques, les gars décident de délocaliser leurs instruments dans la fosse (avec un mini kit de batterie ouais!) et vont jouer le dernier titre dans le public, avec Aviran qui se fait porter sur la grosse caisse, slamme, etc… Un gros, très gros moment de ce festival.

 


SAMAVAYO

Pas de surprise à l’horizon cette fois : on sait déjà en regagnant la seconde scène que Samavayo est un groupe discret mais solide. Confirmation au bout de quelques instants, tandis que le frontman, Behrang, fait montre de son talent et de la classe de son jeu. Les compos, nerveuses, dépotent (même si les mid-tempo sont aussi au rendez-vous), issus d’une disco plus dense qu’on ne le penserait. Stoner, heavy, prog, le tout se mélange sans jamais se perdre en route. Sur scène, c’est du velours : ça joue carré, c’est pro, rien à redire. Seul facteur relou : les gars communiquent beaucoup avec le public… en allemand ! Les nombreux spectateurs italiens, francophones, anglophones… apprécient ! Évidemment ils finissent par leur incontournable hit « Rollin' », avec un segment dédié pour faire participer et chanter le public. Impeccable !


THE DEVIL AND THE ALMIGHTY BLUES

Encore une fois, pas de surprise prévue : on sait qu’on va se faire plaisir. Sur la main stage, avec des lights soignés, un son énorme, le heavy blues suave des norvégiens tape dans le mille. S’appuyant sur des assauts de guitare de toute beauté, Arnt Andersen hypnotise un public prêt à lui manger dans la main. Loin de l’attitude de frontman, le chanteur (en toge…) recule en fond de scène dès que ses lignes de chant sont terminées, pour mieux mettre en avant ses collègues. Des collègues guitaristes en particulier dont le jeu classieux rappelle les plans les plus chaleureux de Graveyard par exemple. « Root to Root » et « Salt the Earth » remportent tous les suffrages, mais c’est ce vibrant « The Ghosts of Charlie Barracuda » à la fin qui fout la chair de poule, introduit par un Andersen qui gueule le refrain en intro sans micro à destination du public… Pfiou… Superbe.


THE MACHINE

Toujours un plaisir de retrouver le trop rare trio hollandais, qui investit humblement la side stage et se lance dans un set costaud et maîtrisé. Calme et puissance. La structure power trio donne dans ce genre musical une assise parfaitement indiquée, permettant en particulier de mettre en exergue le talent de David Eering, dans les vocaux mais surtout dans son jeu de guitare, pêchu dans les riffs et incisif dans les soli ! Car derrière ça bastonne, le son de basse est énorme et la caisse claire de Davy Boogaard est redoutable. On a d’ailleurs l’opportunité de toucher du doigt cette bonne dynamique rythmique tandis que Eering doit régler un problème technique pendant quelques minutes et que le duo déroule un groove impeccable sur toute la durée. Les bonhommes terminent par « Faceshift », le morceau titre de leur très bon dernier album sorti l’an dernier, en apothéose avec un final de plusieurs minutes en forme de déluge de soli fuzzé et de wah-wah a gogo. Orgiaque ! Encore une belle démonstration.


MANTAR

Décidément, le line-up de cette seconde journée de festival flaire bon la valeur sûre, le groupe qu’on prend toujours le même plaisir à revoir live, en sachant à l’avance qu’on va se faire bouffer cru. C’est le cas de Mantar, on sait qu’on va prendre une tarte, mais on accourt dans les premiers rangs à chaque fois. Et on peut le dire désormais, la machine est bien huilée, un peu plus à chaque fois. Les claques s’enchaînent, « Cross the Cross », « Spit », « Into the Golden Abyss », etc, etc… Rien à dire. On trouvera peut-être Hanno moins loquace et interactif avec le public qu’on n’avait pu le voir au Hellfest cette année par exemple, mais on est tatillon… L’essentiel est là, à savoir une série d’assauts sans fioritures, des riffs les uns par dessus les autres… Hanno écrase son pédalier 150 fois pendant le set tandis que Erinc, en forme, explose ses futs pendant une heure, une créneau généreux pour que le duo s’exprime. Un duo qui devient trio pendant quelques instants d’ailleurs, quand Hanno invite un pote vocaliste beugler avec lui ! Une affaire qui roule.


DOPELORD

Un long trajet et quelques aléas ont créé quelques sueurs froides en coulisse quant à la présence de Dopelord sur les planches… Deux pauvres minutes après l’heure prévue, les quatre barbus polonais sont prêts à lâcher les chevaux. Et au final, personne ne se serait aperçu de rien si Piotr Zin (immédiatement disqualifié pour un pantalon à rayures violet aux limites de l’acceptable) n’arrêtait pas de s’excuser durant tout le concert ! (devant un public qui ne comprend pas trop, le set ayant commencé quasiment à l’heure) Mais très vite le non-événement est oublié et les heavy-doomeux lancent leur set sur un bon rythme, et en particulier dès le très apprécié classique « Addicted to Black Magick », véritable carton qui met le public dans d’excellentes conditions. Pour le reste, leur musique flaire bon le vieux Sabbath Noir dès qu’ils accélèrent un peu le rythme (le tee shirt « Sabbath Worship » de Zin n’est pas là pour rien) avant de se pencher sur des plans doom plus classiques ici ou là. Le tout est apprécié comme il se doit et le public headbangue en rythme. Les problèmes techniques de Paweł Mioduchowski sur la fin (pas de son) ne viendront pas empiéter la bonne humeur du public, qui a bien kiffé… et nous aussi !


AMENRA

Incontestés headliner de la soirée, Amenra monte sur scène dans la pénombre. Van Eeckhout est le seul musicien actif en début, dos au public (on est habitués) à genoux, un spot sur lui, à taper avec une baguette sur un instrument métallique, en rythme, pour constituer l’intro bien connue de « Boden ». Le titre prend son envol, et le light show du concert se dessine, à travers la projection sur l’entièreté du backdrop, light show qui la plupart du temps constitue l’unique apport de lumière sur la scène (complété parfois par quelques stroboscopes ou spots blancs qui développent l’ambiance hypnotique voulue par le quintette)… Van Eeckhout attire les regards malgré, on le répète, son habitude de jouer dos au public – une habitude qu’il mettra à mal plusieurs fois en venant gueuler sur les premiers rangs ! Pour le reste, on appréciera la set list qui pioche dans la majorité des albums du groupe, mais la journée fut lourde et exigeante, et votre serviteur manquera la fin de ce set, en outre de la part d’un groupe qui sort un peu de nos références musicales…

 

Sur la papier, cette journée était solide de bout en bout, et à ce titre, elle a répondu aux attentes, voire même les a dépassées à travers quelques groupes « surprise », mais aussi des groupes attendus qui ont su se transcender sur scène. Cette journée fut bien meilleure qu’on n’aurait pu le penser initialement, et quand on jette un œil au line-up du lendemain, on se dit qu’on a intérêt de prendre des forces, car il y a du lourd…

[A SUIVRE…]

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