DESERTFEST Belgium – Jour 2 (Ty Segall, Pelican, Bongripper, Church of Misery,…) – 19/10/2019 – Anvers (Belgique)

En 2019, les festivals stoner et affiliés sont légion en Europe, et, si rien ne semble poindre en France, les Desertfest, Red Smoke, Stone From The Underground et autres Up In Smoke continuent à exercer sur nous autres fans du genre une attraction presque cosmique, comme autant de satellites fuzzés en orbite autour d’un hexagone prêt à lâcher ses hordes de français aux portes des salles annonçant du « lent, lourd et psychédélique ». Desert-Rock s’évertue, comme toujours, à vous faire vivre un maximum de ses sensations embuées par le truchement de live report. Voici donc deux des trois jours du Desertfest Anvers.
Impossible pour les deux amateurs de sons gras envoyés sur place de se libérer pour le vendredi et c’est la mort dans l’âme qu’on loupe en particulier l’enchainement Truckfighters/Nebula. Ces derniers ayant, d’après les échos qui nous sont arrivés, clairement sorti leur épingle du jeu.
Comme depuis la première édition, c’est le Trix d’Anvers (Antwerp pour les locaux) qui accueille les festivités. Un lieu qui regroupe deux salles (420 et 1 110 de capacités annoncées) et le bar dans lequel est bricolé une troisième scène (Vulture Stage, 180 de capacité bien serrés…) pour accueillir les plus petits groupes.
Passer d’une scène à l’autre vous prendra deux minutes, c’est vraiment un des points forts du lieu. L’inconvénient c’est une capacité forcément limitée et donc un sold-out toujours assez rapide des tickets, en particulier les pass 3 jours. Toujours sur les lieux, un espace vert à l’extérieur, très convivial, regroupe différentes caravanes proposant de quoi se nourrir et s’hydrater. On ajoute un espace merchandising à l’intérieur du bâtiment et on a la configuration parfaite pour un festival à taille humaine loin des grosses machines de l’été.

 

BISMUT

Samedi, 15h précise, les hollandais de Bismut entament donc cette deuxième journée et c’est déjà la première bonne grosse claque. Trio instrumental des plus classiques où une section basse/batterie à toute épreuve accompagne un guitariste qui attire les regards. Sauf que ce groupe a un petit truc en plus. Prolongement naturel de ses mains, la guitare du frontman vous sort des sons divins et les compositions sont riches et variées. Pas plus de quelques secondes pour se dire qu’on est en face d’un groupe qui, s’il continue comme cela, ne fera plus l’ouverture du samedi sur la petite scène mais aura une bonne place sur une des deux autres scènes. Le ton est donné, Bismut emballe la foule des curieux venus au plus tôt, ce qui s’avère être une très bonne idée.


ADMIRAL SIR CLOUDESLEY SHOVELL

Les hostilités sont lancées sur la Canyon Stage par l’un des groupes au nom le plus galère à prononcer encore en activité, Admiral Sir Cloudesley Shovell, trio anglais plutôt habitué des lieux puisqu’ils étaient tout simplement déjà présents à l’affiche l’année passée. Il y a deux façons de juger leur musique : soit vous êtes amateurs de musiciens carrés et pro, qui font leur travail avec dévotion et respect, vous passerez alors un moment plus que moyen ; soit vous aimez l’ambiance chaotique, le son brouillon mais le rock’n’roll toutes brides lâchées et alors la bande de trois pocherons vous feront passer un joli après-midi. Nous sommes de la trempe des seconds et nous nous régalons des tubes enfilés comme des nouilles sur un collier de fête des mères (« Do It Now » « Hairy Brain part 2 ») et sautillons joyeusement avec le public (à part ceux qui ont fui, naturellement). Toi qui aimes les musiques qui déclenchent des bastons, sache qu’il est bien possible que le riff de « Robot Colossus » t’habite pendant longtemps (pardon pour cela).


FIREBALL MINISTRY

On enchaine avec le premier groupe foulant la scène principale, la Desert Stage. Piochant majoritairement dans l’album The Second Great Awakening, les américains de Fireball Ministry nous délivrent une solide prestation, très énergique. Sourires sur les visages durant tout le set, les quatre membres sont visiblement bien contents d’être là et même s’ils font l’ouverture de la grande scène, ils ne s’économisent pas et enchainent les titres pour le plus grand bonheur du public. On sent bien qu’une bonne partie est venue pour voir le mythe qu’est Scott Reeder et son côté de la scène regroupe une foule plus dense (et des smartphones sortis plus nombreux). Mais c’est bien le groupe au complet qui mérite les applaudissements nourris qui ponctuent chacun de leurs titres. Une prestation très convaincante pour une de leurs rares dates européennes à se mettre sous la dent.


CHURCH OF MISERY

On reste sur la Mainstage pour l’une des grosses attentes de la journée, les japonais de Church Of Misery qui, à défaut d’avoir un nouvel album à présenter, se font un plaisir d’enchainer les pépites de leur déjà généreuse discographie. En ouvrant leur set par « El Padrino », le groupe déclare la guerre à la fosse et passera 50 minutes à nous assener des banderilles doom aux relents 70’s, avec renfort de thérémine et riffs aussi velus que la sangle de Tatsu Mikami est basse (qu’est-ce Tatsu les genoux ? Ta basse. Ne me remerciez pas). Notons que le chanteur actuel du groupe – Hiroyuki Tagano – a un petit quelque chose d’un Robert Lowe nippon, avec ses yeux révulsés et sa présence un poil chamanique (la police, woup woup). Garanties sur fractures, « Born To Raise Hell », « Brother Bishop », et toutes les joyeusetés attendues sont au rendez et si la set list apparaît finalement sans surprise, elle est idéale en configuration festival (ce qu’on leur pardonnera donc sans sushi).


ELEPHANT TREE

Un rapide tour dans les hauteurs de la Canyon nous permettra de constater que 1/ monter des escaliers c’est chiant et que 2/ Elephant Tree fait un carton devant un public massif et émerveillé, appréciant l’humour anglais des musiciens autant que leur musique, ayant beaucoup de Kyuss en elle mais aussi pas mal de Pink Floyd. Nous dirons pudiquement ici que de tous les copycats stoner des rois du desert nous avons ici affaire à l’un des plus talentueux faussaires de sa génération pour ne pas froisser les amateurs du groupe tout en justifiant que nous ayons décanillé après à peine deux morceaux, l’ennui plein les yeux et les oreilles, pour se placer en première ligne pour la venue d’un groupe original et rare, dont le concert est à venir sur la mainstage.


BONGRIPPER

(Don’t Fear The) Bongripper était l’une des principales raisons de notre venue, la tournée européenne du groupe évitant soigneusement la France cet automne (« Hellfest en juin ? » étant souvent la question qui survient dans ce genre de cas) et il va sans dire que chaque venue de Bongripper doit être célébrée comme l’évènement qu’elle est. C’est que le quatuor de Chicago est un modèle de micro entreprise à succès : un personnel fidèle, un produit maitrisé de la conception à la vente et une qualité renouvelée à chaque nouvelle fournée ; prenez ça les grosses entreprises du doom 40 ! En trois titres, du hit de Terminal « Slow » jusqu’au cultissime « Endless » en passant par l’irrésistible « Satan », Bongripper aura mis la salle à genoux, le public en transe et livré une prestation aussi heavy que la plus heavy de tes copines. Des patrons, tout simplement.


STEAK

Les anglais de Steak ont parcouru bien du chemin depuis leurs débuts et ont le droit maintenant à la Canyon Stage sur un créneau de début de soirée assez porteur. Les curieux d’il y a quelques années sont en partie remplacés par des fans attendant impatiemment leur groupe favori. Le groupe est hyper efficace en live balançant des titres pêchus issus de leur discographie complète. Le public est très réactif et tout le monde s’entend sur l’objectif commun, prendre du plaisir. Impossible malheureusement de rester jusqu’au bout car Pelican s’annonce sur la grande scène et vu la densité de la foule pour Bongripper, mieux vaut prendre un peu d’avance.


PELICAN

Qui ne connait pas Pelican et les découvre lors de ce concert se prend une claque monumentale. Qui connait Pelican et y va en connaissance de cause se prend une claque monumentale. Tout est dit. Pelican s’est carré, c’est pro, c’est impeccablement joué. Puissance et maîtrise, deux qualificatifs indissociables de ce quatuor. Les américains piochent dans leurs deux derniers albums, privilégiant le dernier, et enchainent les titres tous plus puissant les uns que les autres. Quelques mots d’introduction et de remerciements mais pas plus, on n’est pas là pour causer, on est là pour vous en donner plein les oreilles et c’est très exactement ce que fait le groupe. Certains qui ne voulaient pas louper Lo-Pan font la concession de rester jusqu’au bout. On maudira ce chevauchement mais tant pis, Pelican met le feu sur la Desert Stage, ça se savoure jusqu’au bout !


LO-PAN

Vite vite vers la Vulture Stage pour profiter au maximum de Lo-Pan. Voilà ce qui semble être la seule bizarrerie de programmation de ce festival. Lo-Pan, si rare en Europe (2019 fait exception), sur la plus petite scène chevauchant Pelican et Dopelord. La foule est bien présente, ça déborde même sur le côté bar et derrière les portes. Faut dire que le groupe envoie sévère et la machine à riffs régale le public. Les quatre sont tellement dans leur truc qu’au moment de s’arrêter, l’un des gars sur le côté leurs dit « il vous reste dix minutes ». Parfait, « vous en voulez une autre ? » et le public de crier que bien sûr, se prendre une dose de son bien gras, bien rock, ils sont là pour ça ! Lo-Pan aurait peut-être bien mérité une scène plus grande mais d’un autre côté, on ne voudrait pas être à la place des organisateurs et du casse-tête que représente les choix de programmation. Lo-Pan a fait un paquet d’heureux avec un set énergique et authentique. De bon gros rock comme on l’aime.


TY SEGALL AND THE FREEDOM BAND

Ty Segall est donc la tête d’affiche de ce samedi. Un choix qui peut surprendre mais la Desert Stage est copieusement remplie pour accueillir The Freedom Band et son leader. Le groupe n’y va pas par quatre chemins et balance un set énergique dès les premières notes. C’est fort, peut-être trop, et ça cherche à en mettre plein les oreilles. Un peu de mal à accrocher mais le public semble y trouver son compte. Le choix s’avère donc payant pour clôturer cette deuxième journée.


Laissons nos oreilles se reposer quelques heures avant de remettre ça pour un dimanche qui, sur le papier, nous annonce du bon, du très bon, du mythique. Les quelques heures de repos bien méritées pour tout le monde ne seront pas de trop. Cette journée du samedi sous le soleil du désert anversois était au top. Lieu, organisation, public et bien sur les groupes : le big 4 d’un festival réussi.

 

[A SUIVRE…]

Iro22, Shinkibo

(Photos : Shinkibo)

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