Après un sommeil réparateur et une escapade touristique au centre ville, nous convergeâmes sur le coup des 16:30 au Backstage à fond pour cette deuxième journée pleine de promesses malgré son vernis un peu underground pour certaines personnes avec qui nous avons échangé avant le début de ce jour 2.
MOUNT HUSH
Tout comme la veille c’est dans la petite Sound Stage que les choses débutent avec le quatuor germain et son batteur semblant débarquer direct d’un charter en provenance des îles. C’est devant un public raisonnable qu’une projection a été lancée pour un départ de show dans l’obscurité, alors que le soleil baignait la Bavière et ses habitants sortis avec leurs habits du week-end (culotte en cuir, chapeau et chemise pour les mecs et robe à carreaux pour les nanas ; nous tenons à préciser que ce style ne constitue pas une exclusivité pour les anciens, puisque des milléniaux se baladent ainsi le samedi). Un show assez lancinant a été déployé avec une rythmique aux petits oignons y compris sur « The Spell » dont l’intro en live a un vague air de famille avec « A Song for the Dead » commis jadis par QOTSA quand ce groupe était encore fréquentable par notre scène. En maintenant le lien avec son public dans sa langue, le groupe a totalement honoré son contrat et placé cette journée sous les meilleurs auspices.
HUMULUS
Premier groupe à fouler la main stage aujourd’hui, Humulus a ainsi le privilège de commencer son set devant une fosse… complètement vide. Les musiciens ne sont logiquement pas super enjoués de ce constat, même si les premiers accords font rentrer dans la salle les quelques festivaliers qui profitaient du beau soleil qui baigne le biergarten (les autres profitant des derniers instants du set de Mount Hush, qui est en train de terminer sur la petite scène). Le public renfloue un peu la fosse, petit à petit au fil des premiers morceaux proposés par les italiens. Nos trois transalpins restent toutefois un peu en retrait en terme d’énergie, comme perdus sur cette grande scène. Est-ce ce début de set un peu étrange qui a plombé leur dynamique ? Même s’il gagne progressivement en aisance, le groupe n’arrive pourtant jamais à passer la seconde vitesse, et leur set, pas raté pour autant, ne restera pas dans les annales.
THE WELL
“Nous sommes The Well, nous venons du Texas” annonce tout de go le trio américain, souriant et manifestement prêt à en découdre : c’est avec une belle énergie et un enthousiasme contagieux que le groupe engage son set (le contraste avec l’entame de Humulus est marquant). Toujours est-il que le public de la petite scène accueille les premiers riffs du trio d’Austin sous une vague de headbanging et de sourires. Musicalement, The Well n’a plus grand chose à prouver, et son set du jour propose une nouvelle fois une belle démonstration de leur savoir faire : habile mélange de riffs purement sabbathiens et de groove texan pur jus, leur musique conquiert en un tour de main une assistance dense, qui ondule au rythme des chansons. Au milieu d’une impeccable set list de chaudes pépites ayant déjà fait leurs preuves sur la route (“This is how the world ends”, “Mortal Bones”…), le groupe propose un titre inédit (spoiler : il est dans la même veine…) pour le plus grand plaisir d’un public qui fait preuve d’un bel enthousiasme. Ian et Lisa se partagent le chant et occupent la scène chacun avec leur personnalité et énergie propre. Une superbe démonstration et (encore) un set réussi à mettre à l’actif de ce trio qui n’a pas fini de nous ravir.
SAMAVAYO
La Liberation Stage accueille à nouveau un représentant de la scène stoner allemande qui débute son show avec à peine du retard : bel effort les gars ! La triplette a déployé son set avec le soutien d’un lightshow très robuste. Nous leur décernons une mention spéciale pour le son de leur prestation car tel ne fut pas toujours le cas sur cette grande scène durant le week-end malheureusement. Échangeant en allemand avec son public, Samavayo a spécialement gagné du galon en déployant « Prophecy » issu de son dernier né Payan sorti il y a quelques mois seulement (en mars quand ça repart).
THE MACHINE
Retour sur la “petite” scène, avec encore un trio, batave cette fois, mais pas moins intéressant que ses prédécesseurs. Rappelant une approche très “Colour Haze” dans l’esprit, le trio s’extirpe de son soundcheck sans esbroufe, introduisant son set via un embryon de jam et une montée en tension qui ne tarde pas à envouter tout le public. Pas pour autant dans l’ombre de leurs plus expérimentés collègues allemands, The Machine larde ses jams de passages plus puissants, leurs gros riffs laissant néanmoins toute leur place à de longues séquences de lead toujours sous contrôle. David Eering mène clairement les débats, bidouillant presque en continu sa guitare et son pedal board, toujours en maîtrise, virtuose dès qu’il s’agit d’agrémenter ses riffs plombés de soli efficaces. Le public bien dense n’en perd pas une goutte et ondule en symbiose, entre headbang et fluctuations incontrôlables dans les rangs. Le son puissant (malgré une basse un peu trop chargée) vient servir ce set qui fera partie de la (déjà longue) liste des tous meilleurs du week-end.
MY SLEEPING KARMA
Ayant rencontré quelques aléas sur la route, Monkey3 arrivera en retard, et il est donc décidé de permuter leur set avec celui de My Sleeping Karma, initialement prévu un peu plus tard. Deuxième concert du week-end pour Matte Vandeven, par ailleurs bassiste de The Great Escape qui a ouvert le fest la veille. Un homme bien occupé ce week-end puisqu’il est aussi le grand ordonnateur de Sound of Liberation, dont nous fêtons présentement l’anniversaire. Le public n’en a cure, et se presse en masse dans la grande salle principale pour assister à, il le sait déjà, ce qui sera probablement l’un des événements du week-end. Les quatre allemands, pour rappel, reviennent de loin, ces dernières années ayant vu l’un des leurs victime d’une lourde maladie, dont il s’est heureusement rétabli. Les diverses embrassades et autres célébrations entre les quatre amis sur scène au fil du concert démontrent le fort lien qui unit les musiciens, un lien qui, on le sait, transcende chacune de leurs prestations. Celle de ce soir n’y fait pas exception : porté par une mise en son impeccable qui vient emplir la vaste salle de concert et embarquer la foule, la musique du quatuor envoûte l’auditoire pendant une grosse heure, qui voit défiler les classiques indémodables du groupe (quelle entrée en matière avec le doublon “Brahama” / “Prithvi” !) et même de l’inédit avec “Prema” (premier extrait du prochain album déjà diffusé par le groupe… qui passe très bien l’épreuve du live). Le set évolue avec ses hausses de tension et ses accalmies, avec en guise de temps fort l’intemporel “Ephedra”, entre autres. Les musiciens jouent avec un grand sourire aux lèvres et ne sont pas avares en énergie à destination du public, qui le lui rend bien. Comme prévu, un grand moment.
BELZEBONG
La journée est loin d’être finie, mais malgré quelques belles machines à riffs, on pourrait presque noter un léger déficit en gras. Rassurons-nous, ça ne va pas durer : Belzebong se pose sur la petite scène et très vite leur gros doom glaireux d’école vient emplir chaque recoin de la salle. En quelques minutes, les centaines de têtes tassées dans l’obscure salle de concert viennent répondre au glorieux headbang perpétuel pratiqué par les deux guitaristes et le bassiste, dans ce qui devient très rapidement une sorte d’orgie de cheveux, une harmonie fusionnelle entre la scène et le pit à la sauce headbang. L’efficacité du doom qualitatif des polonais n’a plus à faire ses preuves, et a déjà fait trembler bon nombre de murs de salles de concert sur le vieux continent – et aujourd’hui ceux de Munich s’y prêtent volontiers. Lorsqu’un de ses guitaristes rencontre un petit problème technique (prétexte ?), n’importe quel autre groupe aurait tenté de distraire le public en blaguant ou en improvisant un petit jam innocent pour patienter, le temps de trouver un jack de substitution. Nos quatre gaillards, dont l’amour de la fumette est bien connu, préfèrent évidemment dégainer et faire tourner un gros joint, qui finira sa courte vie dans les premiers rangs, tandis que les zicos repartent à l’assaut à grands coups de riffs. Classique, en touts points.
MONKEY 3
Si vous avez bien suivi : nous retrouvons le très sympathique quatuor helvétique à l’heure initialement prévue pour My Sleeping Karma sur la Liberation Stage, mais avec le temps de jeu initialement prévu (faut pas déconner non plus). Enfin “à l’heure” est un bien grand mot puisque le running order de la journée se retrouve totalement en vrac et qu’il est nécessaire de parcourir les 50 mètres – à la louche – entre les deux salles pour savoir ce qui se passe sur scène. La précision helvétique a été mise à mal par la mécanique : deux changements de véhicules ont été nécessaires à nos potes pour rejoindre Munich alors qu’ils étaient partis à l’heure (ils tiennent à votre disposition un comparatif complet des trois modèles utilisés).
Pas franchement impartiaux quand il s’agit de ce groupe que nous chérissons, c’est avec un peu d’appréhension que nous avons assisté à leur show sachant que leur guitariste rétabli du poignet n’avait repris sa guitare en main que 3 semaines plus tôt. Au final aucun accroc lors de cette prestation qui s’avéra d’excellente facture. Malgré le manque de pratique ces derniers temps, les Suisses ont livré un show magistral (avec de nombreux membres des autres formations du jour dans le public pour y assister) comme à l’accoutumé ou presque. Ou presque car ils ont balancé le magique « Icarus » pour la première fois en festoche et c’est une énorme baffe psychédélique qui a été assénée aux veinards présents dans la place. Putain que c’était bon !
SLOMOSA
Avec sous le bras un premier album remarquable (mais trop peu reconnu), les jeunes norvégiens de Slomosa ne ratent pas une occasion de fouler les scènes européennes. Avec un set calé juste avant 1000Mods qui vient clôturer la main stage, le jeune quatuor se retrouve l’air de rien bombardé en quelque sorte headliner de la plus petite scène ! Un statut qui ne semble pas l’impressionner outre mesure, les jeunes musiciens prenant place sans cérémonial sur la scène pour une intro instrumentale qui donne le ton de leur set : gros son, interprétation sérieuse et carrée, et du groove à revendre. Même si son frontman (guitariste et chanteur) Benjamin focalise de fait l’attention, ses collègues ne déméritent pas et proposent une interprétation énergique, chacun dans son registre. Chaque titre est accueilli avec un peu plus d’enthousiasme par un public connaisseur et conquis, dans des registres plutôt énergiques ou plus nonchalants (superbe version du chaloupé mais nerveux “Estonia”). Est-ce le fruit d’une pression qui diminue ou bien de cet accueil dithyrambique, toujours est-il que les sourires sur scène se font de plus en plus présents, concomitamment avec l’arrivée de la la salve des plus gros “tubes” du groupe (l’enchaînement “There is nothing new under the sun” / “Kevin”) opportunément concentrés sur la fin du set. Un des meilleurs sets du week-end (encore un !).
1000MODS
Malgré l’accueil mitigé reçu par leur dernier album, s’il est un domaine où 1000mods ne fait pas débat, c’est bien dans le registre live. Avec l’annulation de Fu Manchu, les grecs se retrouvent mécaniquement bombardés têtes d’affiche de la journée. Ce qui en aurait inhibé plus d’un ne semble pas handicaper le moins du monde le jeune quatuor, qui monte sur les planches avec l’assurance propre aux plus expérimentés groupes live du circuit – ce qu’ils sont devenus, sans l’ombre d’un doute. La machine 1000Mods se met doucement en marche, montant en pression sur leur vieux standard groovy “Road to Burn”, pour se retrouver très vite à plein régime (enchaînant notamment avec le punchy “Pearl”, réhabilitant avec force une partie de leur décriée dernière production). Et à partir de là, et pour l’heure et demie environ que durera leur set, c’est carton sur carton : en contrôle, le groupe a fignolé sa set list pour enchaîner les classiques tout en aménageant une place judicieuse aux meilleurs titres de son dernier LP, mêlant les mid-tempo groovy dont il a le secret aux morceaux plus nerveux – mention spéciale au dévastateur enchaînement “Loose” / “Low”. Une interprétation à chaque fois sans faille, laissant aussi sa part aux aménagements, étirements de certains titres, introduction de séquences jams pour mieux tenir le public sous pression… Un public qui ne s’y trompe pas, et qui prend un pied énorme : slams et stage diving font plusieurs apparitions sur la seconde moitié du set, dans une ambiance on ne peut plus festive. Dans cet état de forme, 1000Mods est inattaquable, et se sont largement montré à la hauteur de l’événement du week-end, dans une célébration toute en énergie, en décibels et en fuzz. Fu Man-qui ?
24/7 DIVA HEAVEN
Le trio féminin de Berlin constituait la bizarrerie du festival question registre musical, et c’est devant une foule compacte que le dernier concert du festival sera déployé avec un retard frisant le scandale pour les personnes âgées que nous sommes devenues. 1000Mods avaient terminé leur prestation depuis un énorme moment quand enfin les lumières se sont éteintes dans la salle baptisée Sound Stage le temps d’un week-end. C’est aussi devant la plupart des musiciens présents sur scène durant la journée que les membres du groupe sont arrivées à tour de rôle (batterie, basse puis guitare) pour envoyer le premier morceau. La discographie du groupe entre punk daté, Riot grrrl engagé, grunge, garage et rock est congrue, avec un long format et un court, mais leur présence scénique dans les fêtes stoner est régulière. Avec un capital sympathie au top et leur frontwoman charismatique, Kat, le groupe a maintenu éveillé le public déjà chauffé à blanc par le groupe précédent en envoyant sa sauce très accessible et fort propice aux expressions gestuelles les plus diverses.
C’est avec des étoiles dans les mirettes que nous avons regagné notre piaule pour regarder l’intérieur de nos paupières quelques heures avant de regagner les manoirs que nous nous sommes payés avec le flouze de malade que nous avons avec ce site. Une très belle fête d’anniversaire pour Sound Of Liberation que nous ne remercierons jamais assez d’avoir agité notre scène avant qu’elle ne connaisse l’essor qu’elle connait actuellement.
Chris & Laurent
(Photos : Laurent)
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