Monkey3 + Witchorious – 03/12/2024 – Nantes (Le Ferrailleur)

Oulah, mieux valait ne pas se réveiller trop tard pour cette date qui, pour beaucoup, sera la dernière de l’année. Garmonbozia a en effet bien flairé le coup en programmant Monkey3 et Witchorious au Ferrailleur, aboutissant à un sold out bien avant la date du concert. La file d’attente pour présenter ses billets grossit rapidement, et on se retrouve poussé à l’intérieur de la salle sans même avoir eu le temps de chercher une bière. Heureusement, la salle est bien pensée : un bar se trouve juste derrière la console de mixage. Ouf, le plein est fait, direction le pied de la scène du club, à seulement quelques mètres. On remarque au passage que la foule de ce soir ne correspond pas vraiment aux habitués du genre. Tant mieux : le psychédélisme n’est pas mort.


Witchorious

Nous avions déjà assisté à un set de Witchorious l’an passé au Westill. Cette jeune formation seine-et-marnaise nous avait fait bonne impression, sans toutefois laisser un souvenir impérissable. Cependant, leur album sorti cette année a su nous séduire par de nombreux aspects, gommant certaines faiblesses inévitables dues à la jeunesse du trio.

La scène est bien encombrée, les fûts des headliners étant déjà en place. Paul, le batteur de Witchorious, se retrouve coincé dans un angle derrière sa sœur, mais cela n’altèrera en rien sa frappe résolue. L’obscurité s’installe peu à peu, et l’ambiance mystique s’annonce avec une multitude de candélabres électriques disposés sur scène. Très vite, le groupe montre qu’il a bien progressé : nos souvenirs mitigés s’estompent, et on se laisse porter par la maîtrise scénique de ces jeunes doomsters.

Lucie, derrière son thérémine, apporte à mi-set une touche de mystère, tandis qu’Antoine, au micro, ponctue son chant de gestes et de mimiques captivantes. Impossible de détourner le regard de lui et de sa guitare. Puis la lumière s’intensifie. Comment cette jeune formation a-t-elle atteint un tel niveau de qualité ? Antoine donne la réponse en annonçant qu’il s’agit ce soir du dernier concert d’une série de 30 cette année. Witchorious est allé à bonne école et a su capter la vibration d’un public qui en redemande, vibrant au son des morceaux avec enthousiasme.


Monkey3

La transition vers Monkey3 est fluide, et il est hors de question de quitter le pied de la scène pour se ravitailler. Ce soir, la seule place qui vaille, c’est ici. Assister à un concert de Monkey3, c’est comme s’installer entre amis : on se détend et on profite. Le temps semble suspendu. Les sourires des quatre Suisses montrent une fois de plus qu’ils sont là pour leur public, en parfaite communion avec lui. Pourtant, la fatigue se lit sur leurs visages. Cet avant-dernier concert de leur tournée les aura emmenés à travers tout l’Hexagone. Fatigués, certes, mais toujours professionnels jusqu’au bout des ongles.

Monkey3 embarque le public dès les premières notes, ouvrant avec “Collapse”, nourri aux riffs dignes de Pink Floyd. Bienvenue dans The Machine dernier album du groupe. On voyage quand même dans le temps jusqu’à “Jack” (Issu du second album de Monkey3), enveloppé par des rideaux de fumée produits autant par les fumigènes que par la cigarette électronique de dB derrière son clavier. Ce dernier a le chic pour parfumer le premier rang d’effluves sucrée, faisant de Monkey3 le seul groupe qui sent le biscuit!

Dans cette ambiance enveloppante, le public nantais se laisse porter. Peut-être un peu trop d’ailleurs, car le groupe doit parfois inciter les spectateurs à se manifester davantage. Boris, avec ses cornes levées, joue même avec la bouche ou porte sa guitare au-dessus de sa tête pour réveiller la foule comme il sait si bien le faire. Jalil dont le son et la position scénique prennent en ampleur a chaque fois qu’on voit le groupe, n’est pas en reste, levant les bras pour réclamer des ovations. dB, habituellement plus discret, sort de derrière son clavier pour encourager le public à taper des mains peu avant le rappel sur “Through The Desert”

Petit à petit, la salle se réveille. Comment pourrait-il en être autrement face à des morceaux comme “Mass”, “Icarus”, “Kali Yuga”, ou “Rackman”, sublimés par les projections hypnotiques en arrière-plan, reprenant les motifs des clips du groupe et divers montages visuels.

Le rappel est généreux : trois morceaux avec “Ignition”, “Pintao”, et “Bimbo”, portés par un public désormais bien réveillé, braillant sa gratitude entre chaque titre.


Malgré une salle initialement en retrait et la fatigue évidente des Lausannois, une fois encore, l’alchimie a opéré. L’humain l’a emporté sur la mécanique. Une soirée mémorable, pleine de ressentis, comme il est vital d’en recevoir régulièrement. Que Monkey3 nous revienne vite, que ce soit dans l’intimité d’un club ou la frénésie d’un festival nous ferons tout pour être là.

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